La décision récente du Parquet général d’ouvrir un procès pour erreur médicale est un acte fondateur. La justice dira son mot et établira si oui ou non et jusqu’à quel degré le médecin accusé est responsable.
Pour les magistrats en charge du procès, comme pour les autres auxiliaires, notamment les avocats des uns et des autres, l’instruction ne sera probablement pas facile étant donné le caractère scientifique des éléments de preuve qui devront être produits et jugés.
Mais l’affaire constituera à coup sûr une jurisprudence très précieuse pour l’avenir. Cela dit, et malgré la bonne volonté du Parquet, la justice ne pourra pas se saisir de toutes les affaires similaires car toutes les erreurs médicales ne sont pas aux conséquences lourdes comme le décès ou l’invalidité. Dans nos hôpitaux et nos centres de santé, il y a probablement chaque jour des milliers d’incidents qui peuvent aller de la négligence à l’accueil, à l’erreur d’administration de médicament, en passant par les mauvais diagnostics.
Mais à part la justice, il n’existe pas véritablement de mécanisme qui permet aux usagers de se faire véritablement entendre à part un numéro vert Allô Chikaya Assihha, dont on ne connaît ni l’utilité ni les résultats. Dans certains pays comme l’Allemagne, la Suisse, le Québec ou la France, les usagers de la santé sont impliqués à travers des structures en s’appuyant sur la société civile et les bénévoles notamment (comme les comités d’usagers au Québec, les conférences régionales de la santé en France). Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, impliquer les usagers n’est pas seulement une forme de contrôle «punitif».
Il est surtout l’incarnation de la gestion participative, dont on parle tant, et qui permet l’amélioration de la performance de tout le système à commencer par les professionnels de la santé eux-mêmes.