Editorial

Éditorial

Chakib Benmoussa, ministre de l’Intérieur, vient de rejeter habilement, devant les députés, l’idée selon laquelle l’Etat serait en train de négocier avec les leaders salafistes condamnés dans des affaires de terrorisme. UN. L’Etat ne négocie pas la durée de peines en train d’être purgées avec des détenus de droit commun quelles que soient leurs typologies socio-politiques — islamistes compris. La seule voie existante est la remise de peine ou la grâce royale. DEUX. L’idée de négociation avec des islamistes suppose elle-même un débat religieux. Avec des arguments ou des convictions de part et d’autre. Des échanges. Et, éventuellement, des progrès dans la conversion des autres à ses propres idées. Ou l’inverse. Le ministre rejette formellement cette idée. Il a affirmé que la négociation, notamment dans ce domaine, est impossible sur le plan politique. L’institution de Imarat Al Mouminine, l’architecture religieuse sur laquelle elle repose : les conseils des ouléma de tous niveaux et de toutes instances, offrent des espaces de débats légitimes, encadrés sur le plan cultuel, rituel et dogmatique. En dehors de cela, il y a peu de chances de voir un débat prospérer. Le problème aujourd’hui, au Maroc, l’an dix du début de la transition, c’est que plusieurs secteurs «misent», pour avancer leurs pions, sur une éventuelle faiblesse de l’Etat qu’ils considèrent comme étant diminué par le progrès, même limité, de la démocratie. C’est cet Etat «faible» qui est, ces derniers temps, constamment harcelé par les politiques, les islamistes, les corporatistes, les poujadistes, etc. qui estiment, tous, oublieux, que cette conjoncture peut leur permettre de s’exonérer des exigences de l’Etat de droit. La confusion est portée à son extrême quand des gens qui ont servi l’Etat pendant un quart de siècle, dans des domaines sensibles, versent sans frein ni retenue dans la surenchère politicienne qui fragilise toute une nation. Jamais une démocratie ne s’est construite sur un Etat faible, ni avec des hommes ou des partis politiques providentiels.

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