Mustapha Bakkoury, le DG de la CDG, a un boulot qui ressemble à son tempérament. Réservé, minutieux, un peu timide, doté d’un bon sens élémentaire mais résolu dans ses décisions qu’il prend le temps d’élaborer. Des qualités de banquier évidentes — celles aussi d’un «garçon de bonne famille» — mais qu’il a fallu affiner pour les rendre compatibles avec la nature et la vocation institutionnelle de sa Caisse. La CDG est un poids lourd de la finance marocaine. C’est peu de le dire. Elle est à la croisée de toute politique d’investissement d’envergure, de tout projet surdimensionné mais vital, et elle est de tous les tours de table à très grande valeur stratégique. Cela fait, au final, de Mustapha Bakkoury, un homme de l’ombre par nature et, surtout, par vocation professionnelle. Une personne socialement convoitée, médiatiquement sollicitée, et souvent amicalement harcelée. Un moment on l’a trouvé au MTD de Fouad Ali El Himma, une fois on le trouve au FUS de Mounir Majidi et ainsi de suite. Convaincu qu’il est au service de tous, de son pays en premier lieu, il déroule une vie équidistante — à la bonne distance — de tous les centres de pouvoir ou de ceux qui se considèrent comme tels. Un équilibrisme naturel sur lequel il ne tient pas de discours, il n’élabore pas de théorie et qu’il vit d’une manière intuitive et bienveillante. Le partenariat avec Pierre & Vacances — le prétexte de cet édito sans prétention — et la position non négligeable de la CDG dans le capital du Club Med font penser que, peut-être, aujourd’hui, les contours d’un rôle moins domestique et plus «mondialisé» sont en train de se dessiner. Une projection structurée et raisonnée à l’étranger est possible. La CDG peut être un vecteur financier crédible de cette projection. Comme quoi la modestie et l’humilité peuvent être, parfois, à l’origine de très grandes ambitions collectives.