Editorial

Éditorial

Le regain de vitalité de la démocratie au Maroc n’est pas neutre sur le plan économique. Il y a un impact que les opérateurs économiques commencent à mesurer notamment dans le secteur touristique. Il y a une grande confusion dans les esprits. Trois points sont à souligner. 1) L’exception marocaine dans un monde arabe à feu et à sang, ou du moins déstabilisé, par les révolutions, n’existe pas. Le monde arabe est considéré par les observateurs les moins avertis comme un tout.  Nous sommes englobés dans notre région naturelle. Deux pays du Maghreb atteints sur cinq, cela laisse peu de place pour faire valoir une distinction pour un investisseur ou un touriste. 2) La récurrence des manifestations légitimes dans un pays démocratique est un indice de bonne santé politique dans ces pays, pas chez nous, et pas actuellement. La répétition des manifestations, surtout quand elles sont mal gérées, ou produisent des dérapages graves,  est assimilée à une instabilité politique, à une crise, nuisible aux investissements et au tourisme. Ce qui est valable pour les autres, la vitalité de la démocratie, ne l’est pas pour nous où les actions collectives de contestation nourrissent une crise de défiance à l’égard de la stabilité du régime. 3) La situation politique perçue est plus forte que la situation politique réelle. C’est une question de communication et de rôle des médias. La minimisation tactique par les jeunes du 20 février et, de leurs soutiens pas toujours si spontanés, de la portée du discours royal du 9mars entretient une dévalorisation des concessions politiques faites, notamment sur le plan de la réforme constitutionnelle. La faiblesse éditoriale des médias publics qui bricolent à vue une ligne de conduite ajoute à la confusion générale. Le résultat est que nous donnons, à tort, une impression collective que le Maroc n’a pas donné une réponse appropriée à la profonde exigence démocratique qui s’exprime actuellement  dans le monde arabe. Ceci n’est pas conforme à la réalité et nous ne faisons actuellement rien pour rétablir la vérité des faits. Les tenants de la mauvaise foi — ceux qui nient en fait tout progrès — orientent négativement la perception que les autres ont du processus en cours au Maroc. Que faire ? En général, dans une démocratie même naissante une régulation s’opère. Le jeu de la majorité et de la minorité devrait fonctionner. La vérité finit par prévaloir si les acteurs politiques assument tous leurs responsabilités. Et si l’intérêt de la Nation prime. Sinon l’espace entre le chaos politique et économique, et la transition démocratique est tellement ténu que tout peut arriver. Le risque est grand de voir alors une minorité agissante  imposer son point de vue à une majorité passive.

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