Le projet de prime de scolarisation, une sorte d’aide directe, au profit d’enfants de parents démunis est une piste sérieuse pour introduire davantage d’égalité et de justice dans notre système scolaire. La pauvreté est la face réelle de l’échec scolaire. Si on met de côté momentanément l’impasse pédagogique dans laquelle nous sommes englués. Aider financièrement et directement des parents à scolariser, et maintenir scolarisés, des enfants est une démarche qui peut donner d’excellents résultats. L’effort de scolarisation n’est plus supporté par une famille comme fardeau au détriment de sa propre survie. Ce modèle fonctionne assez bien ailleurs, notamment en Amérique latine. Le nombre d’enfants bénéficiaires dans une famille est limité — neutralisation de l’effet démographique — et les ressources sont également plafonnées pour ne pas réduire les familles à un assistanat qui polarise leur marginalité. Ces limites étant tracées, rien n’interdit qu’un enfant devienne, par son assiduité, bénéficiaire d’un revenu dont toute la famille profite selon un suivi social approprié. L’opération cartables décidée par SM le Roi est par son volume et son «universalité» scolaire un pas supplémentaire dans cette voie. Ce sont, en fait, des charges en moins que les familles ne supporteront pas. Du pouvoir d’achat en plus. La prime unique de scolarisation, en début d’année, va dans le même sens. L’on voit bien que nous nous acheminons petit à petit vers un soutien direct et construit à la scolarisation des enfants par l’amélioration des ressources familiales. Le coût en lui-même de ce système n’est pas très cher. Il est même très avantageux. Il coûtera moins que ce que nous perdons à cause de la non-qualité de notre enseignement et de l’exclusion sociale à échelle industrielle que produit l’échec scolaire cumulé depuis des décennies.