Editorial

Éditorial

Tandis que le ministre français, Eric Besson,  lance laborieusement un débat inutile  et dangereusement  électoraliste sur l’identité nationale, l’Association Génériques, en France, que préside Driss El Yazami, président également de notre CCME, lance une exposition intitulée : «Générations, un siècle d’Histoire culturelle des Maghrébins de France.» Un siècle d’Histoire partagée, distillée de dizaines de fonds documentaires et d’archives. L’Institut français de la statistique et des études économiques (INSEE) comptait en 2004 près de cinq millions d’immigrés, dont la moitié avait la nationalité française. Un million et demi de ces immigrés étaient d’origine maghrébine, soit 2,4% de la population totale. Voilà pour les chiffres. Pour le reste, c’est-à-dire l’essentiel, pourquoi des gens comme Eric Besson souhaitent opposer cette histoire humaine riche et cette réalité insécable à une identité française fantasmée. Pourquoi veut-il extraire de cette identité, par la violence verbale et la manipulation collective, tous ceux qui ne seraient pas conformes à un ADN gaulois introuvable, à un état premier utopique ou à un eugénisme national chimérique. La France s’est construite sur des valeurs. Notamment, républicaines. Les nôtres, avec d’autres, ont fait ce pays. Avec leur sang, avec leur sueur, avec leur culture, leurs dons et leurs générosités. Ni Nicolas Sarkozy, un Hongrois de deuxième génération devenu président de la République, ni Eric Besson un Français — à moitié arabe! — natif de Marrakech en 1958, n’ont le droit de jouer avec ces symboles, longtemps préemptés par le racisme et la xénophobie, et qu’exacerbent, peut-être, leur propre parcours personnel et leur itinéraire singulier, à la fois fragiles et féconds. L’impasse intellectuelle et le drame moral personnel que vit le ministre français de l’Immigration et de l’Identité nationale l’incitent à donner de fausses citations de Victor Hugo qu’il veut mobiliser pour sa cause perdue. Il lui a été rappelé, pertinemment, (http://decodeurs.blog.lemonde.fr/)  que Victor Hugo est pour une patrie qui se fond dans l’universel, dans la fraternité humaine et non pour une nation qui se nourrit de haines.

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