Editorial

Éditorial

Le directeur général de Toyota Maroc nous a fait savoir par les voies les plus autorisées qu’il arrêtait toute relation commerciale avec Aujourd’hui Le Maroc (ALM). Le motif de cette grave décision qui équivaut en diplomatie à une coupure brutale des relations diplomatiques est que nous avons publié (ALM N°2109) une caricature sur les ennuis actuels de Toyota avec sa pédale d’accélération. La caricature montrait des talibans afghans qui partaient en mission suicide et qui affirmaient ne pas se soucier des problèmes de sécurité de leur véhicule car ils n’avaient pas l’intention de revenir. Vous voyez bien, le propos est léger, drôle et participe d’une liberté de ton qui fonde le métier de caricaturiste dans les pays libres. Or, alors que le monde entier s’intéresse par tous les moyens qu’offre la liberté d’expression au problème de Toyota, notre impétueux directeur, peu habitué à la gestion des crises, n’admet pas du haut de son jeune magistère commercial que la presse fasse normalement son travail y compris en aidant à dédramatiser un problème dont la solution en terme technique et de communication a été rapidement et brillamment trouvée par sa maison mère. Le procédé utilisé par M. le directeur local, alors que l’univers entier parle de Toyota, est proprement inqualifiable et inacceptable. Il relève d’une démarche éculée que nous dénonçons avec la dernière énergie. Je n’ai pas l’habitude d’aborder la question de rétorsion ou de chantage commercial dans cette colonne mais en ces temps de débat national sur la presse, il m’a semblé que c’est une pièce utile à verser au dossier. A l’ère du publireportage généralisé — l’assassinat de la presse — et de la diffamation institutionnalisée à l’égard des annonceurs récalcitrants — la mort du journalisme — nous pouvons ensemble réfléchir sur le meilleur moyen de sortir notre secteur, si méprisé, de la crise. Entre le viol permanent de la déontologie et la servilité commerciale, il doit bien y avoir un petit espace où l’on peut, dans ce pays, faire du journalisme normal, informatif, un peu honorable et un peu digne. Sinon, c’est à mourir de désespoir…

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