Editorial

Éditorial

Les félicitations croisées à l’occasion du 21ème anniversaire de la création de l’UMA ont quelque chose de pathétique. Au-delà de l’aspect sordide du fait de se féliciter de l’anniversaire de la naissance d’un mort-né, il y a un je-ne-sais-quoi d’hypocrite car tous les protagonistes de cette tragi-comédie savent que l’objet de leurs congratulations réciproques n’existe pas. La culture arabe a une puissance intellectuelle distinctive qui surclasse largement la culture occidentale et qui lui permet de faire vivre par l’imagination et le verbe une réalité inexistante. On peut sublimer la misère du présent par les splendeurs du passé. La faiblesse d’aujourd’hui par une force fantasmée d’antan. La division actuelle par le récit tronqué d’une nation virtuelle. La langue unique et fédératrice par la loquacité de la haine institutionnalisée. La foi commune par les reniements en cascade. Etre Arabe ou Maghrébin aujourd’hui, c’est appartenir à une fraction de l’humanité enivrée par sa médiocrité, imbue de ses divisions, conduite par une gouvernance inefficiente, inconsciente de ses intérêts, habitant le bas des classements qui évaluent le développement humain. Cette auto-flagellation sévère et utile est le seul moyen de fêter dignement le sinistre anniversaire de l’UMA. Car de quoi s’agit-il ? D’une poignée de petits pays incapables de défendre collectivement leurs intérêts face à une Europe dont l’élargissement à l’Est nous rapetisse davantage. De petits marchés. De petites industries. De petites agricultures. De petites choses en somme. Alors qu’intégrés régionalement, ces pays peuvent exister autrement. Leurs peuples respirer autrement. Et leurs nations espérer autrement. En dépit du bon sens, ce qu’on nous inflige tend à polariser nos pulsions les plus néfastes. Et à éloigner la perspective de retrouvailles urgentes, vitales et nécessaires. Le projet algérien, fomenté par les stratèges de la guerre civile, de vouloir, contre la raison, créer un 6ème micro-Etat factice au Maghreb, par le biais d’une guerre picrocholine aussi ridicule que risible, a gelé notre avenir commun. Alors bonne fête le malheur, et joyeux anniversaire la haine.

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