Editorial

Éditorial

C’est la deuxième fois que je reviens sur l’affaire Driss Jettou non pas parce que l’ex-Premier ministre — acoquiné avec une presse obligée — serait au-dessus des lois, et que, jouissant de ces faveurs, il ne peut en aucun cas être un justiciable ordinaire. Ça serait contraire à l’état de droit qui veut que tous les Marocains soient égaux face à la justice, mais ça serait aussi contraire à l’idée que Driss Jettou, lui-même, se fait de son honneur et de sa dignité. On le soupçonne, et la procédure judiciaire en cours est chargée de tirer cette affaire au clair, d’avoir fait détourner le tracé  d’une rocade d’autoroute pour rendre un de ses projets personnels viable et surtout plus profitable. Cette grave affaire a été révélée la première fois  par un journal spécialisé dans les coups fourrés. Cette publication s’est rétractée depuis, mais le mal était fait. Un poison distillé de la sorte atteint assez vite le cœur. Maintenant, c’est un communiqué de la justice qui ressemble étrangement à un jugement de dernière instance qui remet cela. Passons. Nous avons peut-être, tous, sous-estimé la gravité des faits. N’empêche, connaissant un peu le dossier on peut discuter un peu. Deux choses fondamentales : le terrain en question, aux confins de Casablanca, convoité par Muteo, fait toujours l’objet d’un compromis de vente avec la famille Haddioui. La vente n’est pas encore réalisée. Le tracé de la rocade qui traverse ce terrain n’est, lui non plus, à ce jour, pas changé. Le terrain reste coupé et sa partie consacrée à une fonction logistique demeure dans la zone rurale  invalidant ainsi le projet Muteo.  Pour l’instant nous sommes donc  face à quelque choses qui n’est ni exécutée ni consommée. Un objet délictuel bizarre, à qualifier, qui relève plus des intentions que des actes. Notre justice tranchera. Soit. Mais on peut tout de même se poser quelques questions. Veut-on, en mettant Driss Jettou sous les feux de la rampe, faire la mise à jour de toutes dérogations qui ont, probablement, jalonné le tracé de cette rocade ?  Vise-t-on Driss Jettou, un tiers inconnu  où les autorités de tutelle chargée de l’Equipement ? Est-ce un coup de billard à deux bandes ou trois bandes où la cible apparente n’est pas la cible réelle ?  Tout est possible, même le pire. Il est quand même dommage que, dans cette sombre affaire, Driss Jettou, ou quelqu’un d’autre d’ailleurs,  soit — la présomption d’innocence ne jouant pas — éclaboussé, sali, ravalé, abaissé avant que la vérité ne puisse se frayer un chemin.

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