Editorial

Éditorial

La Cour des comptes, de Ahmed Midaoui, commence à occuper l’espace qui lui est dévolu. Un espace d’audit et de contrôle qui fonde, in fine, la confiance dont bénéficient les fonctionnaires qui gèrent l’argent des contribuables. S’il s’avère que la Cour des comptes trace, corrige, redresse tous les dépassements observés, dans les règles de l’art, alors les citoyens peuvent dormir tranquilles, leurs deniers sont bien surveillés. C’est une culture nouvelle qui doit s’installer et qui doit, au-delà de l’effet d’annonce, avoir des suites pratiques sur les entreprises contrôlées. Amélioration de leurs procédures, optimisation de leurs ressources, redéfinition de leurs objectifs, bref cela doit donner de vraies perspectives à ces entreprises en matière de gouvernance à part le fait qu’il faille pendre, parfois, le coiffeur. Et c’est où le bât blesse. Dans notre société où la culture de l’audit, de la certification et de l’évaluation n’est pas très comprise dans le sillage de la publication d’un rapport, on voit surgir une sorte d’hystérie pénale qui construit son discours sur l’insulte des fonctionnaires (tous pourris !), la nécessite de les mettre tous en prison,  etc. Au nom du sacro-saint principe de la protection de l’argent des contribuables on détruit tous les autres sacro-saints principes qui fondent les droits de l’Homme, le droit des justiciables, même quand ces hommes-justiciables sont pour leur grand malheur des fonctionnaires de leur état. Le monde a changé, les règles de la comptabilité publique nationale non. Les nécessités d’une action publique rapide, intelligente, versatile et adaptée à son monde ne sont manifestement pas réunies  dans les textes actuels qui gèrent les finances publiques. Pour être à la hauteur, agir, anticiper, être présent parfois, nos responsables détournent des procédures.!  Oui, il faut le reconnaître. Quelques exemples pour ne pas apparaître en train de défendre l’indéfendable. Pour payer correctement un fonctionnaire particulièrement compétent, on lui invente des jours de mission défrayés. Il arrive que, sur une année, que ces jours de mission dépassent le nombre de jours dans l’année elle-même. La même procédure vaut pour les frais de voyages, l’arlésienne stupide du moins disant, les appels d’offres bidonnés,  etc. L’administration marocaine imagine tous les jours des stratagèmes plus ou moins réguliers  pour rester en activité, ne pas être dépassée, et s’acquitter de sa mission. Sinon par l’application de textes stricto-sensu, la moitié des services publics mettrait la clé sous le paillasson. Pour finir, parlons du Festival de Cannes puisque le CCM est épinglé pour l’exercice 2007 par la Cour des comptes. Comment peut-on organiser à Cannes une soirée marocaine retentissante, y faire participer honorablement des cinéastes marocains, faire vivre durant le festival un stand de qualité qui défend notre  destination cinématographique, etc ?  Comment? En faisant des appels d’offres ? En choisissant le moins-disant ? En trimballant avec soi l’agent comptable ? Ou en demandant à nos concurrents de payer pour nous ?  Et que rapporte cette présence internationale du Maroc en termes d’investissement direct cinématographique mesurable et quantifiable?  La Cour des comptes ne veut pas le savoir. Normal, ce n’est pas son job. On va vous le dire quand même : 293 millions DH en 2005,
 472 millions DH en 2006, 563 millions DH en 2007, 913 millions DH en 2008.
 Et 415 millions DH en 2009. Voyez-vous, les  choses sont toujours mitigées !

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