Editorial

Éditorial

Le temps de la clarification politique est-il venu ? Au moment où, sous une pression royale constante, l’Exécutif marocain n’a jamais livré autant de projets réalisés, la majorité parlementaire qui le soutient, n’a jamais semblé, en un contraste absolu, aussi fragile. Le pays est à l’évidence géré, administré, mais son encadrement politique apparaît durablement insuffisant. C’est une sorte de malédiction qui frappe la Primature de Abbas El Fassi qui a été accueillie, dès le début, par une bronca aussi spectaculaire qu’injustifiée. Réduire la question à une affaire de communication ou d’image serait non pertinent et conduirait à des conclusions peu significatives. Le mal semble plus profond que cela. La spécificité de la transition marocaine, la faiblesse de sa documentation théorique, l’insuffisance de sa projection politique, sa nature laborieuse et, finalement, sa vitesse fort réduite font que la société, l’économie, la technologie, le monde des idées, l’environnement international avancent plus vite que les institutions qui, chez nous, sont censées animer la vie collective ou le vivre-ensemble. Aujourd’hui, et c’est ce qui est exprimé à travers la crise politique, la crise de la presse, la crise de la télévision, la crise des valeurs, la crise de l’éducation, etc.,  tous nos systèmes d’accompagnement de la transition sont en panne ou dans un état de décomposition notable. Le problème de fond qui est posé n’est pas tant dans l’existence ou non de solutions — elles existent, l’imagination et la créativité marocaines sont toujours fécondes — il est, plutôt, dans la capacité de mobiliser encore les énergies, les talents, les compétences réelles quand les volontés les plus affirmées, les plus désintéressées, commencent à être usées par l’incertitude, l’absence de règle du jeu ou les expérimentations aventureuses. Le fait de ne pas trancher au fond — ou de tarder à le faire — un certain nombre de questions nécessaires à la clarification politique, à l’accélération de la transition, donne, aujourd’hui, l’impression dominante, mais, peut être infondée, que l’on fait du surplace politique. Il faudra, sans doute, aller plus vite, et plus loin, la création des conditions les plus favorables à la consolidation des acquis de la démocratie, de l’Etat de droit et de la liberté d’expression. L’ont voit bien que la crise n’est pas réductible aux péripéties d’un gouvernement ou aux soubresauts d’un Parlement.

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