Le lancement de Marocains Pluriels, un mouvement de Marocains d’ici et d’ailleurs, a été une formidable occasion d’écouter des professions de foi marocaines enfiévrées. Tous Marocains, tous différents, tous riches de nos histoires, de nos valeurs, de nos vécus, mais tous Marocains dans notre diversité, notre irréductibilité, dans notre profonde conscience d’avoir un socle identitaire commun. Les orateurs ont brillé de mille feux. En démontrant l’universalité de nos valeurs marocaines : partage, tolérance, vivre-ensemble, respect de l’autre, etc. ils ont marocanisé l’univers. C’est peut-être, pour d’aucuns, un peu exagéré mais ils l’ont fait avec talent, cœur, conviction et honnêteté. Qu’ont-ils dit ? Etre marocain, c’est être le produit heureux d’une très vieille nation, un vieil état, une vieille, et belle, civilisation. Etre marocain, c’est être arabe, juif, amazigh, africain et que sais-je encore de nos origines multiples : un éloge à l’altérité. Etre marocain, c’est être tous les autres à la fois tout en étant soi-même. Le Marocain a une capacité unique, celle de se jouer de toutes les frontières réelles, ou imaginaires, de tous les stéréotypes volontaires, ou involontaires, de toutes les stigmatisations ignorantes ou savantes. Driss Ksikes, un ex-confrère, agitateur culturel de vocation, récemment persécuté par des obscurantistes pour une œuvre théâtrale lumineuse, n’a pas raison de se méfier du concept de l’identité. Sa pudeur est préventive, saine mais confine à l’excès, justement, à la fermeture. Cependant, il a mille fois raison de se méfier de ceux qui ont fait un sale métier de la défense d’une identité fantasmée. Ils sont capables du pire pour elle. Et souvent ils l’accomplissent. Nous, notre propos c’est le meilleur. C’est la joie. Celle d’être marocains, pluriels, divers, ouverts aux quatre vents et sûrs de notre unité. Une unité insécable. Le trait des grandes civilisations est de sublimer l’humanité. Nous le faisons, pour notre petite part.