Editorial

Éditorial

Les relations entre le Maroc et l’Espagne font l’objet, aujourd’hui, d’un intense débat national. Dans la presse, en permanence, les discussions font rage. à la télévision, — quelques grandes émissions ont donné le «la» — le débat se poursuit.  Apparemment, la décision du gouvernement marocain de vouloir réviser globalement les relations bilatérales avec ce pays, à la suite du vote hostile à notre intégrité territoriale du Parlement espagnol, a ouvert de nouveaux horizons aux uns et aux autres. Un point fait, d’ores et déjà, consensus. Notre voisin ibérique n’est plus perçu dans sa globalité comme un pays ami. L’image s’est brouillée. Quand un Parlement, extension structurée et démocratique des expressions politiques de la société, vous stigmatise de cette manière — le Maroc a été traité comme une nation pestiférée — cela laisse des traces profondes. Les Marocains découvrent pantois que la position du gouvernement espagnol n’engage ni le Parlement, ni la société civile, ni les médias, supposés indépendants, qui ont perdu à cette occasion le sens de dignité professionnelle. La solitude politique du gouvernement espagnol — finalement sans relais dans la société et la classe médiatico-politique  — dans cette affaire, probablement à la faveur de la crise qui frappe ce pays, n’a d’égal que l’isolement quasi étanche que ressent le royaume du Maroc dans la péninsule ibérique.  Chez nous, en réaction, deux tendances lourdes se dessinent. La première estime qu’il ne faut rien changer à nos relations bilatérales et que cette crise passera comme les autres. Ces crises correspondent à des cycles dont le paroxysme est déclenché soit par «le cynisme électoral» ou colonial de la droite espagnole, soit par le patriotisme exacerbé des Marocains, toujours, en relation avec l’intégrité territoriale du royaume, que cela soit au nord ou au sud du pays. L’autre tendance qui existe désormais et dont s’est fait l’écho le gouvernement est celle qui réclame une révision à la baisse de nos rapports — une sorte d’isolationnisme nationaliste, à l’istiqlalienne —  et l’alignement de ces rapports sur l’hostilité ibérique sachant que l’anti-marocanisme  est devenu le plus puissant fédérateur politique en Espagne peut-être  plus que la mobilisation contre la crise. Il s’agirait pour nous, dans tous les domaines, de baisser progressivement les curseurs jusqu’à ce que notre voix retrouve un peu de sa légitimité abîmée, aujourd’hui,  par les inconséquences politiciennes et populistes. Dans un édito d’El Pais, cette option marocaine de fermeture a trouvé paradoxalement un écho favorable. L’auteur nous dit : chiche ! Mettons tout sur la table, démontons tout et construisons, pour ce qui les concerne, une vraie politique à l’égard du Maghreb et du Maroc en particulier et sortons avec ce pays, le nôtre, de la situation de chantage et de surenchère permanents dans lesquels nous sommes confinés depuis les «baladronadas», les forfanteries, de Aznar. Pourquoi pas ? Mais à condition de parler de tout, notamment de la présence coloniale espagnole au Maroc — une obsolescence  historique honteuse et amorale— qui annihile à elle seule toutes les velléités européanistes, modernistes ou démocratiques de l’Espagne d’aujourd’hui.

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