Editorial

Éditorial

Si l’on apprend demain, qu’à Dieu ne plaise, que l’UMT, l’UGTM, la FDT et l’UNTM d’un côté, et que l’USFP, le PPS, l’Istiqlal, le MP, le PJD, et le RNI de l’autre basculent, tous en même temps, dans une opposition institutionnelle au régime en appuyant sur la rue, et sur les grandes ONG de la société civile, le pouvoir marocain aurait des raisons sérieuses de s’inquiéter. Il y aurait là un vrai et dangereux divorce entre la classe politique marocaine et la monarchie. Ce sont, en fait, des organisations historiques, légitimes, crédibles ou sérieuses dont l’impact sur l’opinion publique n’est pas factice — ce sont eux qui ont mobilisé pour la manifestation trois fois millionnaires de Casablanca pour l’intégrité territoriale du Royaume — qui constitue le fondement du pluralisme marocain depuis près de 60 ans dans le cadre d’une monarchie constitutionnelle. Nous ne sommes pas dans ce cas de figure de rupture. Qu’avons-nous au Maroc en cette période où le monde arabe s’écroule sous le poids de ses dictateurs, où les peuples sortent hébétés d’un silence effroyable et où la classe politique, souvent clandestine, écrasée par la répression et la torture découvre en même temps l’ivresse de la liberté et la frayeur des responsabilités démocratiques à venir? Qu’avons-nous au Maroc alors que nous sommes dans une transition politique vers la démocratie depuis plus de dix ans après que nous soyons arrêtés dans toutes les étapes de la lecture du passé, de la réconciliation nationale, de la compensation morale et matérielle et de la formulation d’un nouveau projet démocratique et moderniste? Qu’avons-nous au Maroc, aujourd’hui, comme opposition radicale qui veut changer le régime ? Qu’avons-nous comme mécontentement populaire radical qui peut à tout moment tout balayer sur son passage ? Il faudrait que l’on soit franc entre nous. La bande des six qui fait la couverture de ce numéro d’ALM ne fait pas le poids. Elle ne porte pas de projet. Et elle ne constitue aucune forme d’alternative. La somme des dérives personnelles, d’échecs individuels ou d’enfermements «schizotiques» ne fait pas un projet collectif autre que celui de jouer, justement, à la roulette russe avec l’avenir du pays. Cependant, disons-le haut et fort, nous avons un chantier qui est ouvert, c’est celui de la démocratie. Nous avons un projet à réaliser. Nous avons une Constitution à revoir. Nous avons un état à moderniser. Nous avons une nouvelle génération de réformes à lancer. Nous avons des recommandations à mettre en œuvre, celles de l’IER notamment. Cela nécessite effectivement une vraie révolution. Une authentique révolution. Mais, celle-là, les Marocains veulent la faire avec le Roi Mohammed VI.

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