Editorial

Éditorial

Les Marocains ont du chemin à faire pour améliorer leur pratique de la démocratie. Il ne suffit plus de défiler pacifiquement pour exprimer des revendications légitimes, il faut aussi apprendre à gérer avec autant de souci et d’exigence des notions comme la préservation de l’ordre public et la protection des biens et des personnes. Je m’explique. Dans les villes où le maire, le chef de la sûreté et le gouverneur étaient au fait de leur métier et à la hauteur de  leurs responsabilités, les choses se sont bien passées le 20 février. Il faut examiner avec soin la cartographie des dérapages. Là où un maillon de cette chaîne sécuritaire de proximité était faible soit par absence de coordination, soit, hélas et cela existe, par incompétence, les choses se sont mal déroulées. En plus clair. Les responsables de la sécurité publique, les agents d’autorité  ou les grands édiles ne peuvent plus répondre à des débordements de manifestation, ou à des phénomènes de casse, mondialement connus lors des actions collectives de protestation, par la facilité, c’est-à-dire par la répression ou la disproportion. Ils sont appelés, et là nous sommes au cœur des «nouveaux»  métiers sécuritaires, à développer d’autres compétences qu’exigent l’état de droit et l’exercice normal de la démocratie. Le professionnalisme, la rigueur et l’anticipation que seule une carrière légitime peut offrir. Par le passé, des sécuritaires fous pouvaient tirer à balles réelles sur des manifestants et mettre, ni vu ni connu,  les cadavres des victimes dans des fosses communes, mais cela, heureusement, n’est plus possible universellement. Cela mène, aujourd’hui, directement au TPI. Et je pense qu’un pays comme le nôtre qui a fait l’IER — elle a ouvert justement toutes les fosses communes du passé — n’a pas vraiment envie de vivre ce type de régression dramatique. Ceci étant, il y a chez nous un nouveau phénomène, assez inquiétant, qui apparaît. Depuis Gdim Izik, on constate qu’il y a plus de victimes du côté des forces de l’ordre que des manifestants. C’est le coût humain de la retenue nécessaire. Cela pose bien évidemment le problème de la formation et de l’équipement de ces forces de l’ordre mais pose aussi la question de l’encadrement des manifestations par les «organisateurs»  — le Polisario et l’Algérie en l’occurrence au Sahara — et leur attachement à l’état de droit. La société civile marocaine qui a réussi  dans l’ensemble un examen de maturité doit être ferme et résolue dans sa dénonciation la plus solennelle de casseurs. Il y va de sa crédibilité, de la crédibilité de notre transition démocratique et de notre avenir. Il est tout à fait scandaleux que des voyous profitent de l’une des plus belles expressions de la démocratie — le droit de manifester pacifiquement —  pour, justement, la salir.

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