Editorial

Éditorial

Les réformes dos au mur coûtent chères. Celle des diplômés chômeurs a un coût budgétaire et un coût politique très élevé. Voilà un dossier que l’on traîne depuis de nombreuses années sans pouvoir lui donner de réponses adéquates autres que dilatoires ou démagogiques. Il ressurgit en un temps où la question sociale est exacerbée par les révoltes arabes. La digue casse après les manifestations des jeunes du 20 février. Le gouvernement cède et offre un emploi à tous les diplômés chômeurs dans la fonction publique — c’est leur revendication essentielle puisqu’ils refusent de travailler dans le secteur privé — en dehors de la procédure de concours. Le gouvernement vient de créer un nouveau droit. Le droit de tout diplômé chômeur d’accéder à la fonction publique sans qualifications pré requises et sans examen évaluant les compétences. L’incidence sur le budget est lourde, elle va annuler toutes les tentatives  d’allégement du poids de la masse salariale des fonctionnaires. Cette allocation de ressources va se faire fatalement au détriment de l’investissement. Le seul hic qu’il y a, c’est que les diplômés chômeurs ne sont pas un stock, c’est un flux. On déstocke une promotion, une autre pointe le bout de son nez. Il va bien falloir fermer le robinet un jour quelque part. Maintenant sur le plan politique c’est une autre affaire. L’intérêt de la chose, c’est bien évidemment d’éteindre momentanément un incendie. On évite des immolations de désespoir à la Bouazizi. On passe le cap d’une période sociale difficile en faisant des concessions. L’appel des jeunes pour la dignité notamment par l’accès au travail semble être entendu.  Et un vent d’espoir peut enfin souffler chez des jeunes qui n’attendaient plus rien de la vie ou si peu. Il reste que le problème de l’emploi au Maroc est plus vaste et compliqué encore que celui des diplômés chômeurs. Que faire avec les titulaires de masters, de licences, du baccalauréat, ou les titulaires de rien du tout qui ont des aspirations aussi légitimes que les autres. A moins que le pays n’invente le plein emploi dans la fonction publique, il ne s’en sortira pas. 20 février ou pas. Il faut revenir aux fondamentaux sérieux!  De la croissance, une mobilisation nationale pour l’emploi, une vraie stratégie, de la formation, casser les filières des diplômés chômeurs, adapter l’enseignement, etc. Tout cela est connu et ressassé depuis des lustres. C’est dos au mur, désormais, que l’on doit agir. Ce n’est pas la situation la plus confortable  pour faire des réformes intelligentes.

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