Editorial

Éditorial

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Il est clair que les intégristes de JAWI ont choisi la confrontation avec l’Etat. Leur mainmise sur le Mouvement du 20 février est à présent terminée. A chaque action collective de protestation sociale de ce mouvement de jeunes, ils passent à l’action selon leurs propres slogans — en rupture totale avec la démarche «constructiviste» du 20 février —, selon leur propre mode opératoire violent et selon leur propre agenda. Objectif : installer un Etat khalifien au Maroc, une théocratie illuminée et en finir avec l’Etat marocain moderne et ses institutions multiséculaires. C’est, en fait, une révolution islamique où Abdeslam Yassine serait une espèce d’ersatz de Ayatollah Khomeiny en plus délirant. Que faire alors? Là, les observateurs sérieux divergent. 1) Il y a ceux, comme nous, qui demandent à la société, si elle est attachée à un modèle de le défendre. Ils demandent aux forces politiques attachées à la démocratie de montrer sur le terrain cet attachement. Et, enfin, ils demandent à l’Etat d’assumer ses responsabilités vis-à-vis d’une secte nihiliste qui veut mettre par terre tout ce qui fonde le vivre-ensemble marocain. 2) Il y a ceux qui défendent la théorie — des professionnels de cette démarche — de la construction de la confiance avec JAWI par des mesures unilatérales de l’Etat — lesquelles ? — pour sauver la transition démocratique et sauvegarder les acquis, jusqu’à présent non-violents du processus. Les tenants de cette thèse «capitularde» ne fixent aucun coût démocratique à JAWI pour l’intégration dans un système démocratique qu’ils entendent in fine détruire. 3) Enfin, il y a ceux qui sont dans l’ambivalence, l’ambiguïté et la dissimulation. Ils demandent à l’Etat des mesures de confiance sans contrepartie, la fameuse «tika», alors qu’eux, ils sont dans la «takia», la célèbre duplicité stratégique dont le chiisme a théorisé tous les bienfaits pour ses activistes en immersion dans les milieux hostiles. Ils sont peut-être les plus dangereux car ils sont par nature les plus insaisissables. Au final, il est vrai que le pays est face à un tournant dangereux. Approfondir les réformes, travailler davantage pour consolider la transition, maintenir le cap de la rénovation institutionnelle et politique ou se raidir, perdre son sang-froid sous les coups de boutoir du «syndicat» de la provocation nihiliste et déclencher, de fait, une spirale régressive qui annulerait tous les acquis, exceptionnels sur le plan régional, que nous avons engrangés. La période est à la nuance, au discernement et au fine tuning.

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