Editorial

Épiphénomènes

Il est vrai que notre pays traverse une période difficile. Mais il nous faut être honnêtes, celle-ci n’est ni le fait des déclarations intempestives et irresponsables de Nadia Yassine, ni du travail de sape systématique de Hicham Ben Abdallah El Alaoui.
La première, Nadia Yassine, devra répondre devant la justice pour ses déclarations attentatoires aux institutions constitutionnelles du pays. Son attaque frontale contre la monarchie marocaine, en l’état actuel de notre droit n’est pas une opinion, c’est un délit. C’est en tant que tel que la justice marocaine s’apprête à qualifier ses analyses et leur donner la suite la plus appropriée selon les procédures et les garanties légales en vigueur. Heurter le sentiment national des Marocains, fouler du pied leur Constitution, et, finalement, tenter d’affaiblir les Institutions du pays, alors que ce dernier doit faire face à un complot d’Etat algérien contre son intégrité territoriale est proprement criminel.
Le second, à savoir Hicham Ben Abdallah El Alaoui est un problème plus simple. Depuis au moins 1999, son travail de sape est connu. C’est plus une aventure individuelle d’un prince en rupture de ban familial qu’un mouvement d’opposition structuré, conséquent, construit politiquement ou idéologiquement. L’homme qui voulait être roi développe plus un potentiel de chahut et une certaine capacité de nuisance avec la complicité rémunérée d’une convergence nihiliste attachée à son service qu’un nouveau projet dynastique improbable. Il est le premier à savoir que la légitimité royale, multiséculaire dans notre pays, consacrée par une Constitution explicite, ne s’achète pas au discount dans un supermarché des idées foireuses ou au rabais auprès d’une secte islamo-nihiliste. Ni le Conseil familial -une belle invention du despotisme oriental- auquel il est attaché, ni la remise en cause de la règle successorale basée sur le principe de la primogéniture qu’il prône, ni la fumeuse théorie du Prince vertueux -certainement barbu- pour laquelle il milite ne sont des arguments légitimes ou crédibles pour une quelconque alternative sérieuse.
Hicham Ben Abdallah El Alaoui face à l’impasse personnelle et intellectuelle à laquelle il est arrivé n’a d’autres choix que la radicalisation de son discours de nuisance, notamment à l’égard de sa propre famille et l’escalade dans l’intrigue et les coups tordus pour brouiller l’image, propre et honnête, et le bilan, consistant à tous égards, du règne de SM le Roi Mohammed VI. Notre liberté d’opinion, «intangible» elle aussi, nous oblige à dire que ce projet est vain, dérisoire et n’a aucune prise sur le réel même si l’intéressé croit que son alignement tactique sur les islamistes les plus illuminés -mais qui sont loin d’être naïfs- peut lui procurer une base sociale inespérée qu’il ne trouve pas dans la société.
Ni Nadia Yassine, ni Hicham Ben Abdallah El Alaoui -des «dommages collatéraux», comme les autres, inhérents à toute transition démocratique- ne peuvent expliquer la difficile conjoncture que traverse notre pays. Ce sont des épiphénomènes. La difficulté réelle pour nous vient du complot d’État du pouvoir algérien contre notre pays. C’est cela le phénomène nouveau, non pas par son existence -elle date de plusieurs décennies- mais par son intensité paroxystique actuelle.
Que le pouvoir algérien instrumentalise dans sa propagande Hicham Ben Abdallah El Alaoui dans le déni de la mémoire de Mohammed V et de Hassan II ou met en scène Nadia Yassine au mépris, également, de la mémoire des 300.000 Algériens morts dans la guerre civile contre l’islamisme, cela est d’autant plus honteux et affligeant que les intéressés s’en accommodent. Mais ce qui est essentiel, pour nous, face à ce «phénomène», c’est que, aujourd’hui, les Marocains se sont réveillés. Mobilisés et solidaires, il font face au complot avec courage, patriotisme et responsabilité. Les appels citoyens des démocrates authentiques se multiplient. La vraie société civile sort de sa torpeur. Le refus de la régression nihiliste, la défense des acquis de la transition démocratique et de l’intégrité du territoire national sont, désormais, plus que jamais, au premier rang des préoccupations des Marocains. Ils ne laisseront pas faire ceux qui veulent détruire nos aspirations et retarder notre marche vers une société moderne et démocratique avec des Instituons saines et respectées.

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