Editorial

Il ne faut pas désespérer Toulouse

La RAM vient de recevoir son premier Airbus. C’est un événement suffisamment important pour que la compagnie nationale le fête, avec ses amis, avec un certain éclat. Pour notre part, on ne peut que se réjouir quand, comme on dit d’une manière empruntée, le bonheur est dans les pâturages. Si Mohamed Berrada, un homme d’État expérimenté et un manager solide, a choisi lors de son allocution à cette occasion de parler de l’accord de libre-échange avec l’Europe en 2010 et d’inscrire l’acquisition par la RAM d’avions Airbus dans cette perspective comme étant une preuve de bonne volonté de notre part, c’est qu’il est convaincu que cette affaire a une dimension plus politique qu’opérationnelle. Pour faire court, il ne faut pas désespérer Toulouse si on veut avoir les bonnes grâces de Bruxelles. Il n’en demeure pas moins qu’une question de fond se pose. Gère-t-on une compagnie aérienne soumise à des contraintes de coûts et de rentabilité titanesques et à une violence concurrentielle féroce sur une base strictement politique ? Une question subsidiaire et non moins décisive : les contraintes de l’État actionnaire, si elles existent, sont-elles tout à fait opposables à une entreprise publique de droit privé totalement dépendante du marché pour réaliser ses performances ? Ce sont là, bien évidemment, deux logiques antagoniques. Une, politique, et une autre, économique. Car, au bout du compte, que se passera-t-il ? La RAM à terme, à l’horizon 2013, aura au total 4 Airbus. Et plus de 50 avions Boeing. L’incongruité du poste «budgétaire» spécifique Airbus pour la maintenance et la formation sera incontestable. Elle doit l’être probablement déjà malgré – on l’imagine – l’implication «commerciale» de l’avionneur européen qui au départ se pliera en quatre pour ouvrir une brèche dans un nouveau marché. Il ne s’agit pas pour nous de faire revivre inutilement les débats libres et passionnés qui ont entouré la signature de ce contrat. Mais le rappel sert toujours le croyant d’autant plus que le président Mohamed Berrada, comme à son habitude, plus espiègle que calculateur, nous a donné l’occasion d’y revenir en mettant en exergue, honnêtement, l’aspect éminemment politique des choses. Quant à l’intendance, elle suivra…

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