Editorial

La carte n’est pas le territoire

© D.R

Et voilà que l’on apprend, selon le quotidien français Libération, du 22 février, sous la plume de José Garçon, que la proposition algérienne de partition du Sahara marocain ne serait pas algérienne mais uniquement Bouteflikienne. Indiquant d’une manière formelle que la représentation algérienne à l’Onu n’a jamais présenté d’initiative dans ce sens elle souligne que «C’est le président Bouteflika lui-même qui a sorti la proposition de sa poche pour la glisser à Georges Bush lors de leur dernière rencontre». La conclusion de la journaliste, certes interrogative mais lourde de signification tombe comme un couperet : «Ballon d’essai du pouvoir algérien ou initiative personnelle du Chef de l’État algérien qui aurait agi sans l’aval des généraux pour marquer des points dans un dossier particulièrement sensible ?» À partir de là on ne peut plus d’une manière ou d’une autre occulter le rôle du président algérien.
L’implication, présidentielle ou militaire, de l’Algérie dans la théorie de la partition a dans les faits, et quels que soient les auteurs, trois conséquence majeures :
1 – L’attachement officiel de l’Algérie à l’autodétermination du peuple Sahraoui est définitivement abandonné. Il est battu en brèche par la proposition de partition.
2 – L’initiative «algéroise» place ce pays d’une manière exclusive au centre du conflit. Il devient, la seule et unique partie – très prenante – avec laquelle le Maroc à faire. Nous l’avons toujours su, maintenant c’est aux Nations-Unies de l’admettre définitivement.
3 – Accessoirement, Mohamed Abdelaziz devient de fait le porteur obligé, strictement et uniquement, de l’ambition «géopolitique» algérienne dans la région, et non pas comme il l’affiche, sans plus y croire, un quelconque chef d’un mouvement de libération nationale. C’est la fin de la chimère. Maintenant que ces conclusions ont été tirées et qui représentent «spectaculairement» la fin de la supposée neutralité algérienne dans ce conflit, on peut se poser la question de la motivation profonde d’Alger dans cette accélération de l’Histoire.
Soit c’est une initiative personnelle de Abdelaziz Bouteflika contre l’avis ou derrière le dos des généraux et auquel cas c’est grave pour lui. Les militaires, ni sur ce sujet particulier, ni sur les autres d’ailleurs, n’autoriseront aucune «autonomisation» de la présidence. Elle doit rester sous tutelle selon un cahier de charges précis qui comprend aussi et surtout la doctrine «sahraouie» de l’Algérie «Boumédienienne». Elle leur sert de politique marocaine depuis 27 ans. Changer ce statu quo revient à contrarier cette stratégie «vitale». Cela a un prix.
Soit nous sommes dans la théorie du ballon d’essai, ce qui est plus probable, et les auteurs de la partition veulent tester la réaction marocaine. À un moment où plusieurs voix « iconoclastes » à l’intérieur et à l’extérieur du pays, considèrent, pour des raisons parfois divergentes mais souvent convergentes, dans une sorte d’arc anti-national, que le pouvoir de l’État marocain est érodé notamment par la charge assumée de la transition démocratique et les réglages nécessaires imposés par la succession monarchique. Le ballon d’essai s’est dégonflé face à la réaction unanime et sans appel des Marocains. Ni l’Algérie, ni l’Espagne, malgré leurs manipulations multiples, et les complicités indignes auxquelles elles donnent lieu, ne pourront s’opposer au fait national marocain au Sahara. Bien au contraire la démocratie marocaine en devenir validera ce que l’Histoire a construit. D’une manière éclatante quoiqu’en disent les nihilistes.

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