Editorial

La charge royale

© D.R

Les partis politiques marocains ont un beau passé devant eux. Un passé glorieux fait de petites intrigues, de grandes compromissions, de moyennes convictions et d’immenses forfaitures. Vente et achat des voix. Location de postes. Soldes de candidatures. Bradage de votes. Promotion de véreux. Et finalement une économie mafieuse qui fait des intérêts des citoyens la valeur ajoutée des enrichissements illicites et indus. Allez avec ça faire une démocratie moderne ! La gestion, d’aujourd’hui est simple. Comment faire en sorte pour que nos partis politiques attirent les citoyens les plus compétents, les plus soucieux de l’intérêt public et les plus dévoués à la cause de la construction démocratique de notre vieux pays ? Comment faire? Comme faire dans nos partis politiques pour que les présidences ne soient pas à vie, pour que les présidents ne soient plus entourés que par de flagorneurs matois, d’adeptes sectarisés ou de candidats à la scission qui monnaient leurs loyautés multiples contre des fidélités de façade nombreuses et variées ? Et finalement, comment nos partis peuvent-ils susciter l’intérêt du jeune pharmacien de Ben Guerir, du docteur de Taroudant ou de l’architecte de Oued Zem sans pour autant les broyer par un appareil partisan qui écrase le valeureux et valorise le corrompu ? Dans le discours du Trône, il y avait une vraie charge Royale contre ce que sont aujourd’hui nos partis politiques. Cette charge, à peine contenue, ne masquait pas une certaine colère contre ce fléau qui met en péril l’avenir de la démocratie au Maroc. On a l’impression que sur chaque dossier sur lequel travaille personnellement le Souverain, il découvre à l’origine des problèmes posés l’indigence de nos partis politiques. Nos jeunes sont livrés dans les quartiers et les douars aux théoriciens de la mort et aux zélotes du martyr des pauvres. Où sont les partis politiques ? Les bidonvilles prolifèrent au vu et au su de tout le monde. Le marché de la mal-vie est animé par des élus corrompus. Que font les partis qui les ont adoubés ? Le débat national est squatté par des intégristes criminels qui veulent ré-islamiser à leur manière, par ce bas, le Marocain surtout le pauvre. Que disent nos partis ? Les idées de la haine, de la régression et de l’obscurantisme font florès. Où sont celles de nos partis politiques ? Dans ce désert des Tartares, il y a à peine que les Tartares qui se sentent un peu bien. Maintenant vous allez tous voir à la télévision la racaille cravatée qui nous sert de classe politique débouter pour dire qu’elle partage l’analyse du Souverain sur la vie politique marocaine. Ils font cela très bien. Ils savent ajouter de l’injure au mépris. De la forfaiture à la déconfiture. Et de l’imposture télévisée à l’imposture quotidienne et banalisée. Toutefois, il est clair que la démocratie marocaine ne peut se passer comme toutes les autres, des partis politiques. Or les partis ne valent que par la qualité des hommes et des femmes qui les animent. La prochaine loi sur les partis et la vie partisane dans notre pays apportera sans doute de très nettes améliorations si elle impose la démocratie interne, la transparence financière et l’obligation impérieuse de développer des programmes sérieux et crédibles. Mais il faut admettre par ailleurs qu’une loi aussi vertueuse soit-elle ne peut changer à elle seule la sociologie politique d’un pays. Ni la psychologie d’une classe politique. Il va falloir du temps et beaucoup de déceptions pour y arriver. Alors commençons, on verra bien…

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