Editorial

La leçon espagnole

© D.R

Les Espagnols ont décidé, démocratiquement, de renvoyer José Maria Aznar et son parti, le Parti populaire, du pouvoir. Ce tournant majeur de la vie politique espagnole vient au lendemain des attentats qui ont endeuillé Madrid. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les électeurs espagnols, souverains, ont considéré que la gestion de ce drame par le gouvernement d’Aznar était opaque. Les urnes ont parlé et la page est tournée.
Pour ce qui nous concerne, une nouvelle page vient de s’ouvrir avec l’Espagne. Le temps du mépris, des bravades autoritaires, du bellicisme gratuit et de la surenchère démagogique est révolu. Nous aurons désormais en face de nous un gouvernement, celui de Zapatero, qui aura la lourde responsabilité d’apurer les contentieux du passé récent et d’installer un climat de respect réciproque soucieux de relations mutuellement fructueuses. L’Espagne est, plus que jamais, naturellement, l’avenir du Maroc. Notre pays lui-même fait partie, intrinsèquement, de ce que peut devenir une Espagne démocratique, européenne, assumant son Histoire «arabe» et son voisinage méditerranéen. Tant de choses nous unissent que d’aucuns ont voulu faire de cette proximité culturelle et de cette convergence géographique un facteur de haine, de xénophobie et d’exclusion.
L’avenir a triomphé de la haine, car on ne peut mentir durablement aux peuples. Ils savent que les contraintes, notamment électoralistes, de la démocratie ne peuvent constituer en soi une «doctrine» sérieuse susceptible de donner à une nation la place qu’elle mérite.
Le Maroc, pour sa part, doit tirer les leçons des conflits récents, souvent douloureux, qui ont émaillé ses relations avec l’Espagne d’Aznar. Il doit désormais pouvoir développer une politique «espagnole» qui soit, par sa richesse, sa clairvoyance et sa dimension globale, à l’abri des heurs et malheurs de la politique politicienne surtout quand celle-ci accouche du pire.
Pendant les années de crispations et de tensions, jamais les relations entre la monarchie marocaine et la monarchie espagnole n’ont été affectées. Nous devons cela, sincèrement, aux deux Souverains, et il faut les en féliciter chaleureusement aujourd’hui. Ils ont su garder le cap de l’amitié entre les peuples, et dégager à chaque fois que cela était nécessaire, l’horizon commun des contingences, même les plus insidieuses ou les plus perfides.
La démocratie espagnole est aujourd’hui encore plus grande que par le passé. Son exemplarité est indiscutable. La leçon de courage et de responsabilité qu’elle a donnée au monde nous interpelle, nous, les premiers. Nous, qui sommes au stade de la construction de notre propre voie.

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