Editorial

La mouche

Nicolas Sarkozy est dans nos murs. Comme il se doit, il a été reçu par SM le Roi. On aurait dû le garder chez nous. Ici, il aurait pu nous être très utile. A lui seul, il peut remplacer au pied levé seize ou dix-sept de nos ministres locaux. Il bosse comme vingt. Imaginez un peu le boulot qu’il peut abattre, ce type. C’est monstrueux.     
En le gardant on aurait pu, également, régler pas mal de problèmes en France. Aussi. On aurait enlevé un sérieux caillou de la chaussure de Jacques Chirac, un ami de trente ans. Et on aurait, par là même, débarrassé nos amis socialistes français du seul obstacle à l’alternance à l’Élysée qui se dresse devant eux. Avec lui, c’est trente ans d’opposition garantie, s’il n’exhume pas rapidement le retraité le plus actif de France, Lionel Jospin.
Le football s’est mondialisé depuis des années, pourquoi pas la ministérialité ? Un mercato, des transferts, des contrats en béton et le tour est joué. Pourquoi, à chaque fois, par exemple, infliger à Ahmed Osman le chœur des pleureuses des ministrables recalés ? Un vrai drame. Ou à Si Abbas Fassi l’affront des ministres  fraîchement repeints. Ou à Mohand Laensar le «ahouach» – une danse berbère dans laquelle chaque danseur aligne ses ambitions –  des candidats tributaires de tribus revendiquant légitimement leur tribut. Non, on peut, désormais, se passer de tout cela.
Si Nicolas Sarkozy marque des buts, et il sait en marquer, on le fait signer dans notre équipe. Il y a juste un truc à régler avec lui. Chez nous – la transition démocratique n’étant pas achevée – les joueurs qui marquent des buts contre leur camp sont immédiatement passés par les armes. Le bordel qu’il fout en France, pas de ça chez nous. D’abord parce que, chez nous, c’est déjà le foutoir. Ensuite, nous avons toujours des mœurs politiques toujours un peu encore assez makhzéniennes. Et finalement, et surtout, nous ne sommes pas en république. Sauf, peut-être, pour deux gars, affiliés à la CGEM, recensés, à ce jour, par l’ONG « Gambetta-toi-même», dans son rapport annuel.
Là-bas, les amis de trente ans, on les trahit. Chacun, son tour. Chez nous, ils deviennent au moins ministres ou directeurs d’office, ce qui, dans les deux cas, permet de survivre honorablement quand il n’y a pas de vagues. C’est-à-dire quand Driss Lachgar ne monte pas une commission d’enquête parlementaire comme on monte –à coup de sandwichs – une équipe de troisième division .
Le système français est darwinien, le nôtre, il favorise le développement durable. Sarko est un tueur. Les nôtres ne tuent même pas une mouche. Quand ils n’arrivent pas à faire mal à la  mouche, ils la soudoient. C’est une spécificité culturelle. Sarko affiche ses ambitions. Les nôtres les masquent sous des oripeaux de ministrables velléitaires pour mieux  accepter la responsabilité quand elle ne se présente pas. Ce n’est pas clair tout ça ? Pour moi, si.  Allez, bon retour Sarko et ne sois pas trop pressé. Un match de foot, c’est 90 minutes, minimum.

Articles similaires

EditorialUne

Moisson

Le secteur agricole marocain récolte aujourd’hui ce qui a été semé et...

EditorialUne

Hôtel 5.0

Immersif, écoresponsable, inclusif, bas carbone, durable… Ces nouveaux attributs ont commencé à...

Editorial

Vitrine

«Climat et agriculture : pour des systèmes de production durables et résilients»....

EditorialUne

Ancrage bancaire

Le changement du tour de table ou du propriétaire d’un établissement bancaire...