Editorial

La pyramide de Oukacha

«Le président de la Chambre des conseillers, M. Mustapha Oukacha a eu jeudi à Rabat des entretiens avec le directeur général de l’Institution suprême d’audit des Etats-Unis, M. David Walker, actuellement en visite au Maroc.»
Qu’est-ce que Oukacha peut bien raconter à ce monsieur? On connaît bien notre deuxième Chambre, dite la chambre à air, et on ne connaît que trop bien Si Oukacha. Ce David doit être un gars important là-bas, mais pas au point de le faire recevoir à la deuxième Chambre, il ne nous a rien fait de mal.
«Lors de cette rencontre, tenue en présence du président de la Cour des Comptes, M. Ahmed El Midaoui, M. Oukacha a évoqué l’expérience marocaine en matière de contrôle et d’audit des comptes, qui a permis au pays de jouer un rôle important au niveau de l’amélioration et du développement de l’attribution des marchés publics et de leur gestion, conformément aux principes de transparence et de professionnalisme, indique un communiqué de la Chambre parvenu jeudi à la Map.»
Là, c’est trop. On bourre le mou à David. S’il y a bien un domaine dans le quel nous sommes nuls ou presque, c’est bien celui-là. Justement, notre expérience, en la matière, c’est Truands & Co. Alors de là à raconter des bobards à l’Amerloque, c’est au moins une honte bue ou, au plus, de l’humour, mais alors, très fin. Avant, on volait en arabe dialectal, maintenant, on vole en français. On y met les formes. C’est de l’assistance, de l’accompagnement, de la gestion de portefeuille, du consulting, de l’évaluation, de la mise à niveau, de la gestion déléguée, des conventions de cadres… Mais le résultat est le même: ce sont les fonds que l’on siphonne.
«M. Oukacha a précisé que le Maroc, avec sa fraîche expérience, a besoin de l’expertise et du professionnalisme de l’Institution suprême d’audit des Etats-Unis, compte tenu de sa position de leader dans la pyramide des établissements américains, appelant à la mise à profit des relations maroco-américaines pour jeter les bases d’une coopération professionnelle entre l’institution américaine et la Cour des Comptes marocaine et de permettre au Royaume de développer un système de contrôle financier au service de l’Etat de droit et de justice.»
Oukacha, la ferme. Tu vas faire fuir le Ricain. Et depuis quand tu précises ? ça va pas, non? Une expérience fraîche? Et la bière comment elle est? Jeter les bases et puis quoi encore? File leur Nouasser pendant que tu y es. Quant à la pyramide, c’est du costaud, parole de pharaon. Du haut de cette pyramide, ce sont 14 siècles de prévarication qui vous contemplent. Amen. Le fric.
«De son côté, M. Walker a exprimé la volonté de son institution d’établir un partenariat avec la Cour des Comptes au Maroc qui, a-t-il assuré, a fait preuve d’une grande maturité dans le traitement et l’audit des comptes et dans son approche professionnelle à même de contribuer à la rationalisation de la gestion et du fonctionnement des différents services publics.»
Le «de son côté» est délicieux. On voit bien que l’Américain est emmerdé. Il fait donc des phrases. A son tour, il nous bourre le mou. La maturité dans le traitement, entre la BP, le CIH, et la BNDE, on est servi. Quant aux Offices, la maturité est tellement mûre que, dans notre pays, il n’y a que oiseaux qui arrêtent de voler de temps en temps.
 «M. Walker a, en outre, précisé que la nature de l’action de la Cour des Comptes fait de l’appareil législatif un partenaire essentiel dans le contrôle des finances publiques et des modes de leur gestion au service des principes de la transparence et de la démocratie.»
Là, c’est le «en outre» qui fait classe. Ce que David n’a pas compris, c’est que notre appareil législatif est, en fait, un appareil digestif. Il avale tout ce qui s’approche de lui. Le boa constrictor, à côté, c’est un vermisseau. Chez nous, il faut, juste, être dans le bon sens du boyau. Après, le transit se fait tout seul.
«Il a enfin, appelé à la nécessité de renforcer la coordination et la consultation entre son institution et la Cour des Comptes marocaine au service du développement des relations maroco-américaines et de l’amitié historique qui existe entre les deux peuples»
Surtout pas ça, David. Si les nôtres débarquent chez vous, c’est foutu. Tous les copains de Bush, qui se font un fric fou, sans audit et sans baratin, en Irak, vont avoir de la concurrence sur le dos. Au nom de l’amitié historique, file-moi cent balles. Je vois d’ici le topo. Non. Chacun garde son expérience chez lui. Si tu veux, David, emmène Oukacha avec toi ainsi que toute la deuxième Chambre, mais laisse-nous, quand même, El Midaoui. Il a beaucoup souffert par le passé avec un autre champion -toutes catégories confondues- de la transparence. Notre cher Driss Basri national. L’homme au passeport nouveau. L’ex-homme d’Etat au titre de voyage vierge. Le vizir au vizirat éternel. La femme de ménage qui a fait de la propreté un credo et un sacerdoce. Gloire à lui en cette fin de chronique inversée.

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