Editorial

Le drame de l’autisme politique

© D.R

Les drames en série des inondations et les tragédies humaines auxquelles elles ont donné lieu suscitent, au mieux et au pire des cas, la colère et l’indignation. C’est tout. Depuis que notre pays vit ce type de catastrophes, ni la connaissance de ces phénomènes, pourtant assez fréquents dans le monde, ni la manière de les prévenir ou de les anticiper pour protéger des victimes innocentes n’ont fait réellement des progrès.
On parle dans le vide, les choses restent comme elles sont et les catastrophes s’enchaînent avec leur kyrielle de drames, de victimes, de désespoirs et de vies détruites.
On peut mettre en cause les collectivités locales, l’administration provinciale, le président de commune, le Wali, le caïd, le gouverneur et tout le bataclan… personne n’écoute, et personne n’agit. Les victimes et les drames se succéderont devant l’indifférence générale, les indignations désormais saisonnières et les colères épisodiques. C’est fatigant et c’est tout ce qu’un pays comme le nôtre peut faire, limité qu’il est dans ses moyens financiers et surtout indigent à trouver des solutions aux problèmes qui se posent comme si la fatalité du sous-développement devait parfaitement se recouper avec la fatalité de la cécité politique et de l’ignorance irresponsable.
On est fier de payer la Banque mondiale rubis sur ongle. Une attitude de premier de la classe qui ne nous rapporte rien; pis encore, elle nous appauvrit. On plastronne parce qu’on veille sur les grands équilibres et sur la limitation des déficits. Mais, tout cela ne nous est d’aucun secours sauf de nous faire passer à nos propres yeux pour des tartuffes économiques. On gère l’austérité alors qu’on est incapable de l’imposer à l’Etat lui-même, à ses rouages et à ses antennes. C’est en fait une fausse austérité qui ne touche que ceux qui n’ont déjà rien et qui ne dégraisse pas ceux qui dépensent déjà trop les biens de la nation. Tout va de travers tellement on est incapable aujourd’hui de créer un cercle économique vertueux capable de produire de la croissance, de l’empoi, de l’espoir ou de la vie décente.
Qui interdit au Maroc d’utiliser trois ou quatre points de la valeur de sa dette, quitte à s’endetter un peu plus, peu importe, pour lancer le chantier du siècle destiné à la mise à niveau définitive de nos infrastructures pour éviter les drames que nos vivons ? Qui ? Personne, si ce n’est notre absence d’imagination, de hardiesse et notre paresse intellectuelle. A-t-on vraiment débattu politiquement et démocratiquement de cela avant d’embrasser la fausse religion des grands équilibres et la soumission face à des organismes internationaux qui commencent eux-mêmes à trouver douteuse notre servilité à leurs égards.
A-t-on jamais posé globalement le problème de nos infrastructures et la question des moyens à réunir pour les mettre à niveau ? A-t-on vraiment pensé faire de ces grands chantiers de mise à niveau le vrai starter d’une ambitieuse politique de développement économique, capable de tirer toutes les économies locales et régionales de notre pays vers le haut ?
Il suffit d’un pic de pluie pour constater que nous n’avons ni routes, ni ponts, ni canaux, ni stratégie, ni urbanisme et le reste est à l’avenant. Un désert d’incompétence noyé dans des flots d’incurie et d’irresponsabilités. Alors à quoi servent ces grands équilibres s’ils ne peuvent pas protéger nos populations, s’ils ne servent pas à relancer valablement l’économie, s’ils ne servent pas à créer de la richesse, de l’emploi et de la sécurité. Ils ne servent, probablement, à rien.

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