Editorial

Le gland d’or de l’année

© D.R

Vous m’excuserez, aujourd’hui, mais je dois vous parler d’un sujet extrêmement sensible. Voire douloureux. Je n’ai pas l’habitude de faire ni dans la sensiblerie, ni dans la dentelle, mais cette fois-ci vous me pardonnerez. L’heure est grave car dans notre pays plus que jamais les choses ne sont plus à leur place.
Tout le monde fait n’importe quoi, et si on continue comme ça, comme vous allez le constater, on risque de perdre, chacun pour sa part, le meilleur de nous-mêmes au péril de perdre tous nos moyens.
C’est une question d’intégrité, pas la territoriale, mais l’autre. Si ça continue comme ça c’est la souveraineté sur nous-mêmes que l’on va perdre, mais pas l’autre.
Voilà ce qui arrive dans un pays quand on perd ses valeurs, ses repères et sa raison d’être, et quand on confond le tourisme et l’immigration, la transition démocratique et le transit intestinal, la démocratie et la foire aux idées et le tourisme rural et le balnéaire massif. Quand on tombe sur une nouvelle comme celle- ci on reste vraiment et sincèrement circonspect pour ne pas dire circoncis.
«Une équipe d’urologie de l’hôpital Ibn Tofail de Marrakech a réussi à remettre en place le gland d’un enfant de sept ans, victime d’une morsure…d’un âne».
Dans une déclaration à la MAP, le Pr. Mouâd Nourri, du Service d’urologie, a souligné que l’opération a consisté en la remise en place du gland après avoir réglé le problème de l’hémorragie consécutive à la perte totale de l’extrémité renflée de l’organe génital de l’enfant. L’opération, qui a duré environ 45 mn, s’est déroulée dans de bonnes conditions, a-t-il ajouté.
C’est dur comme info, non ? Un petit gland, tout mignon et tout sympathique, plein de promesses de plaisir et de joie conjugale féconde et intense, qui finit jauni comme une feuille morte au printemps ou exsangue comme une fleur mauve fanée dans un restaurant où les gens se prennent trop au sérieux sous la dentition puissante et respectable d’un âne résolument pacifique mais probablement doutant de sa propre sexualité qui est, d’ailleurs et en général, assez conséquente compte tenu de la nature généreuse de son organe. Mais pourquoi le gland d’un enfant de sept ans dont la fonction à cette âge-là est strictement urinaire ? Il n’y avait pas de rivalité oedipienne ou de syndrome phallique. Avant de faire la psychologie de l’âne en question, il faut peut-être examiner son épouse. Elle doit probablement être une femelle castratrice. Mais ça n’explique toujours pas pourquoi, précisément, le gland parce que la castration se passe, normalement, en deux temps deux mesures et ailleurs. C’est une histoire que l’on ne tirera jamais au clair.
Il faut peut-être voir dans ce fait très divers regrettable, une marque de l’heure. Les Musulmans connaissent. Pour les autres les voies de la conversion sont ouvertes, mais il faut négocier avec l’âne. Une circoncision, converti ou pas, dans notre pratique religieuse n’est quand-même pas l’ablation du gland. Il ne s’agit, comme disent les philosophes, que du prépuce. C’est-à-dire de l’emballage symbolique et formel d’un énoncé érotique qui exclut le désir gratuit, asocial et contre-productif, s’il n’est pas corrélé à une pratique reproductive licite agréée dans des circonstances morales indiscutables. Voilà pour la philo, ça mérite une émission à 2M ou un Politis dans Libé.
Pour le reste, c’est-à-dire le membre après la mutilation, une question s’impose (comme disent les journalistes politiques pressés), il y a plusieurs solutions à envisager. On exclut tout de suite l’option de l’abat jour, compte tenu de l’âge de l’enfant, mais on peut parfaitement penser à une métaphore de la politique marocaine en période électorale. Il faut parachever l’édifice démocratique, sinon le tout n’aurait pas de sens. Aucun marocain, têtu comme un âne, n’est plus assez gland pour croire aux promesses électorales.

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