Editorial

Le jour qui ne viendra jamais

«Comme il n’est pas bon de nous dire que l’invasion du Koweït par l’Irak était une mauvaise invasion, mais celle du Sahara Occidental par le Maroc était une bonne invasion. Ce n’est pas ainsi que l’on construit un monde meilleur.» Celui qui tient ces propos c’est notre ami de longue date, qui ne nous veut que du bien, Abdelaziz Bouteflika. On ne va pas écrire sur lui tous les jours que Le bon Dieu fait, mais comme il apparaît qu’il s’intéresse à nous tous les jours d’une manière obsessionnelle, nous n’allons pas le décevoir. Nous avions donc raison de considérer ses propos maghrébophiles, tenus lors de la visite de Président Zine El Abidine Ben Ali en Algérie, comme de la pure démagogie. Abdelaziz Bouteflika nous montre d’une manière parfaite la duplicité dont il est capable à travers l’interview qu’il a donnée au quotidien français Le Monde et dans laquelle, sans vergogne aucune, il assimile la présence du Maroc, chez lui, dans ses terres sahariennes, à une invasion.
Lui et Boumediène ont fabriqué de toutes pièces le mirage de la république sahraouie en mobilisant des mercenaires et des traîtres. Il est effectivement le dernier à pouvoir nous parler d’invasion parce qu’il sait que l’Algérie « irrésistible » de l’époque, engluée dans un ridicule socialisme militaro-industriel, gavée aux gazo-dollars faciles, volés, d’ailleurs, au peuple algérien, et empêtrée dans une vision impériale désuète et une hégémonie régionale fratricide qui est responsable, et elle seule, de la faillite de l’idéal maghrébin. Le reste, c’est un reliquat d’une idéologie condamnée par l’Histoire qui a abouti à une guerre civile sanguinaire dont les Algériens paient depuis dix ans le prix. C’est ça la réalité. Abdelaziz Bouteflika n’est pas né aujourd’hui. C’est un homme du passé et il doit pouvoir nous dire quelle est sa part de responsabilité dans les drames que vit son pays et les drames infligés à notre région. C’est un tout produit par le même bric-à-brac idéologique et par la même vision du monde. Rien n’est sécable. Quand il dit, dans la même interview : « Je fais d’ailleurs mon propre mea culpa. C’était un socialisme d’une grande générosité que l’Algérie du Président Boumediène a exalté, mais c’était un romantisme qui n’avait rien à voir avec les règles élémentaires de l’économie », il est insuffisant. Le jour où il aura le courage de s’émanciper du quarteron de généraux qui dirige vers l’abîme son pays, et où il admettra que ladite affaire du Sahara relève du même romantisme et qu’elle n’a rien à voir avec les règles élémentaires de la fraternité, du bon voisinage ou de l’idéal maghrébin, alors ce jour-là Abdelaziz Bouteflika aura recouvré une crédibilité qui lui permettra de contribuer à la paix en Algérie, à la construction du Maghreb et à l’avènement d’un monde meilleur. Mais probablement ce jour, ne viendra jamais.

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