Editorial

Le mercato est ouvert

Malgré la fureur du stade, la vie continue. Le Maroc peint en rouge et vert, au-delà d’une ferveur patriotique légitime, continue sa marche. Avec ses joies et ses peines. Ses larmes et ses rires. Son passé et son avenir. La garde-à-vue par la BNPJ (Brigade nationale de la police judiciaire) de Abdelmoughit Slimani et de Abdelaziz Laâfoura vient donner comme un fumet à l’ancienne, assez désuet, à une actualité toute tournée vers l’avenir. Et pourtant, si l’on peut dire, les « affaires » continuent. Ce qui est sûr, à l’heure où nous mettons sous presse, concernant les deux mis en cause célèbres, c’est qu’ils ont vu la finale de la Coupe d’Afrique des Nations, entre la Tunisie et le Maroc, en captivité. Ils ont été libérés après le match. Ils étaient lors de la partie, pour utiliser une analogie bien dans l’air du temps, hors-jeu.
Quel va être leur système de défense ? Du 4-2-4 classique, de l’offensive 4-3-3 ou le très spectaculaire 3-5-2 ? Chaque système sur le terrain judiciaire a ses résultats, ses supporters et sa forme de spectacle. Nous savons que tant qu’il y a des buts, le public est ravi. Mais l’important est d’avancer vers le camp adverse pour scorer sans dégarnir ses arrières et sans s’exposer à un contre malheureux.
Abdelmoughit Slimani et Abdelaziz Laâfoura connaissent, bien sûr, les règles du football moderne et on ne peut pas leur faire le mauvais procès à ce sujet. Ils ont marqué beaucoup, ils ont encaissé pas mal, ils ont été pendant longtemps les héros du stade. Mais aujourd’hui, ils sont invités à faire montre de plus de qualités individuelles, car l’esprit d’équipe d’antan a disparu. Ce ne sont plus les mêmes règles du jeu, ni le même arbitre, ni le même public. Il n’est même pas sûr qu’ils jouent encore en première division.
Le fan-club d’hier, le leur, quand il n’a pas changé d’équipe, a tout simplement déserté les terrains. Les gens d’aujourd’hui ont oublié les prouesses des gloires du passé. Ils ne jurent plus que par Zaki et les siens. Abdelmoughit Slimani, il jouait à quel poste ? Un laborieux arrière latéral ou un stoppeur impérial ? Un flamboyant avant-centre ou un demi-trimard? Qui était son entraîneur ? Et Abdelaziz Laâfoura, combien de sélections ? Combien de buts marqués dans sa carrière ? Quel est le total de ses primes ? Qu’est-ce qu’il vaut en cas de transfert ? Vous voyez bien que les questions sont nombreuses et les réponses difficiles.
Car, dans le foot moderne, le mercato est ouvert toute l’année. La valeur des joueurs est fluctuante. Et la durée même de la carrière est devenue très courte, alors que les fortunes se font plus vite. Un joueur talentueux et riche, victime d’un tacle par derrière fatal, voit immédiatement le talent et la fortune s’évaporer comme le moral d’une équipe qui prend un but contre le cours du match.
Dans tous les cas, la partie que jouent Abdelmoughit Slimani et Abdelaziz Laâfoura sera longue. On ne sera à l’abri ni des surprises ni des retournements de situation. Tout dépendra du coaching. Un joueur prestigieux entrant en fin de partie peut parfaitement faire basculer le match, soit dans le bonheur intégral ou dans le malheur absolu.

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