Editorial

Le progrès est une dynamique

© D.R

Il faut rendre hommage définitivement et une fois pour toutes au génie politique stupéfiant et magique de Mahjoubi Aherdane, le fondateur suprême et absolu de la mouvance populaire. Cet homme est rare. Son flair politicien et sa capacité manoeuvrière le sont aussi. Si on n’admet pas cela, il est clair que nous passerons à côté d’un grand esprit fécond, anticipatif et innovant.
Le parti de ce grand monsieur devant l’éternel, le MNP, est au gouvernement. Il sait que les élections, qu’il ne veut pas perdre, approchent. Il n’a pas envie de se coltiner un bilan gouvernemental dont il doute pour des raisons d’efficacité électorale et politicienne. C’est son droit. Alors comme tout homme politique de cette trempe, il cherche à élargir son horizon qui est déjà très large par tempérament et par vocation. Et la lumière fut. Il signe, alors, une alliance électorale avec le MP, un parti de la même famille politique, dont il s’état scindé par le passé et qui est actuellement dans l’opposition du gouvernement auquel participe le parti de monsieur Aherdane. C’est brouillon, mais c’est comme ça. Cela donne finalement en clair un parti de l’opposition signant un accord avec un parti de la majorité pour se présenter ensemble devant les électeurs. Avec une configuration comme celle-ci, ils sont partis, dans l’absolu, pour récupérer, compte tenu de cette alchimie fondamentale, les voix des électeurs mécontents et des contents aussi. C’est total.
Pour sceller cette médication large spectre, le MNP et le MP invitent à leurs agapes païennes le leader d’un parti islamiste, en guest star, lui-même, à titre personnel, produit de l’histoire de cette même famille de la mouvance populaire. Abdelkrim El Khatib, patron du défunt MPDC, n’ayant pu subvenir politiquement et idéologiquement aux besoins de son parti, l’a donné en jouissance libre, disons en usufruit pour ne pas gêner les prudes âmes, à des islamistes partiellement parlementarisés, qui l’occupent sous l’enseigne commerciale, certainement une franchise contre royalties du, PJD.
Au total cela donne pour ceux qui n’arrivent pas à suivre un parti ethnique berbérisant, un parti issu du même moule mais lié à une alliance de droite libérale, le Wifak, actuellement dans l’opposition et le leader d’un parti autrefois de la même mouvance mais aujourd’hui géré par des islamistes. Comme vous pouvez le constater, depuis l’invention de la pénicilline, on n’a jamais fait mieux.
Maintenant, comme nous sommes dans le domaine de la politique marocaine – un continent aussi mystérieux que l’Atlantide – supputons. Et si d’autres ersatz de la mouvance populaire comme le MDS de Mahmoud Archane ou l’UD de Bouazza Ikken entraient eux aussi dans la danse ? Et si l’Istiqlal, un parti historique au passé national- conservateur irréprochable, décidait à son tour de se joindre à cette dynamique ? C’est évident, tout ce beau monde gagnera, sans coup férir, les élections, mais on ne saura jamais lesquelles.
Celles de l’avenir ou celles du passé? Celles du progrès ou celles de la réaction? Celles du libéralisme ou celles du repli sur soi? Celles des plaines ou celles des montagnes? Celles du Maroc d’aujourd’hui ou celles de celui d’avant-hier? Mais ces interrogations n’ont, en fait, aucun sens. Avec près de 70% en moyenne de taux d’abstention, 7% de Marocains engagés politiquement, et 60% de taux d’analphabétisme, nous ne prenons pas de risques majeurs. Sauf celui de continuer à se moquer des Marocains. Et même sur ce point, ce n’est pas grave. On en a, désormais, l’habitude. Mieux, on a appris à en rire. Jaune. Gloire, quand même, à Mahjoubi Aherdane.

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