Editorial

Les choses de la guerre

© D.R

Colin Powell étale largement ses soupçons contre l’Irak devant le Conseil de sécurité. Cela va de menaces de mort contre des scientifiques irakiens qui parleraient aux inspecteurs de l’ONU, en passant par des véhicules modifiés, à la volonté de ce pays de dissimuler comme il dit des « choses ».
Mais, ce qui gêne dans cette grave affaire, c’est que les soupçons de M. Powell ne constituent aucunement des preuves formelles. Quand il s’agit de guerre, un acte majeur et dramatique dans la vie des nations, même un faisceau de soupçons ne peut utilement servir de prétexte à une guerre illégale condamnée universellement par les opinions publiques.
L’effort de Colin Powell pour légitimer, aux yeux du monde, l’entrée unilatérale en guerre de son pays contre l’Irak, même s’il est substantiel voire pathétique, n’est pas moralement convaincant. La guerre aura lieu parce que tel est le désir des États Unis d’Amérique et ce pays a imposé ce désir impérial au reste du monde. Tout le reste est une question d’habillage. Et le pressing actuel sur l’ONU, par sa force irrésistible et son acharnement, relève de cette même stratégie de légitimation d’un acte illégitime. Si les USA considèrent que l’ONU est un passage « moral » obligatoire et nécessaire pour valider une action internationale, que Washington laisse les inspecteurs de l’ONU faire scrupuleusement leur travail en Irak en aidant la communauté internationale à leur donner tous les moyens, utiles et efficaces, pour leurs investigations afin que ces inspecteurs obtiennent de vraies preuves et non pas de vils soupçons.
En mettant la charrue avant les boeufs dans l’affaire irakienne, l’Amérique de Bush décrédibilise le droit international et ses instances. Elle exacerbe les extrémismes, les terrorismes et les conduites nihilistes à travers le monde. Elle donne, elle, avantageusement, le « bénéfice du doute » à tous ceux qui ne croient pas que l’exercice solitaire, unilatéral et impérial de la puissance américaine est porteur d’un quelconque progrès pour l’humanité. Cette Amérique-là, par ces manquements moraux, conforte objectivement ses adversaires les plus douteux dans des postures hostiles, terroristes et criminelles. Bush agit comme son ami Sharon, sa politique, par sa cécité, n’amènera aux Américains ni la paix, ni la sécurité. Bien au contraire… Et c’est malheureux.

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