Editorial

L’essence des choses

© D.R

Le secteur de la distribution des carburants est en émoi. Le rapprochement entre la Samir, un raffineur, et Somepi, un distributeur, déséquilibre passablement ce marché. La Samir, depuis sa privatisation continue de jouir d’une situation de monopole de fait car le processus compliqué de son entrée dans le marché libre n’est pas encore achevé, il est aujourd’hui discuté même dans ses modalités.
Cette situation, qui n’est pas du tout claire, fait que la Samir, en mettant un pied dans la distribution, en choisissant de jouer sous les couleurs d’un opérateur précis, rompt le principe d’égalité de tous les opérateurs de la distribution à l’égard de ce raffineur.
Surtout que celui-ci continue de jouir de privilèges liés aux modalités de sa privatisation et traîne manifestement le pas pour se conformer à son nouveau statut.
Le Marocain, gros consommateur de carburant, paie doublement la facture. Un, en tant que consommateur. Deux, en tant que contribuable. En tant que consommateur, il ne bénéficie pas d’une essence ou d’un gasoil au meilleur prix. Le marché n’étant pas libre. Toute importation directe d’un produit raffiné par un distributeur est taxée pour permettre à la Samir de jouir des meilleures conditions de vente sur le marché. Cette mesure, valable le lendemain de la privatisation ne l’est plus maintenant. Elle continue à perdurer d’une manière incompréhensible pour les distributeurs. Ensuite le surcoût de la taxe qui permet à la Samir de sauvegarder son monopole est répercuté automatiquement sur les prix à la pompe. Cela sort de toute façon de la poche du consommateur.
En conclusion, aujourd’hui, l’alliance de la Samir avec la Somepi vient rompre les grands équilibres du secteur d’autant plus que le raffineur de Mohamédia continue de se comporter bizarrement comme une boîte qui n’a pas été privatisée. Le seul qui a la clé de cet embrouillamini pétrolier est Abderrahmane Saâïdi, l’ex-ministre des Privatisations qui se trouve être, aujourd’hui, bien opportunément, patron de la Samir. Il a bel et bien toutes les données en main. Ce qui a pour effet, paradoxalement, de multiplier les inquiétudes des distributeurs. Ces derniers n’excluent plus désormais de recourir à la justice pour tirer cette affaire au clair.
L’important pour les Marocains, en général, c’est que le secteur soit transparent et que la loi sur la concurrence, dont l’esprit ne s’est pas encore imposé à tous, soit respectée. On ne peut pas changer un monopole d’Etat par un monopole de fait sans que les consommateurs n’y laissent des plumes. C’est dans l’essence des choses.

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