Editorial

L’heure de la gloire a sonné

© D.R

La classe politique dans son intégralité est dans la situation de jeunes élèves qui attendent les résultats du baccalauréat. Les examens sont passés, il faut attendre. Pour nos hommes politiques, l’attente de la nomination du futur Premier ministre et du prochain gouvernement est de même nature. Intense et fébrile.
Alors les supputations vont bon train. Tout est possible disent certains, son contraire l’est également, selon d’autres. Et nous, on n’en pense pas moins. Vous voyez la situation, elle est claire. Il y a quand même quelques-uns qui ne quittent plus leur téléphone d’une oreille. Il peut sonner à tout moment, disent-ils, comme si le téléphone pouvait avoir une autre vocation que celle de sonner quand le numéro qui lui correspond est composé par un tiers. Vous pouvez me dire qu’il peut aussi vibrer. Certes.
Mais on voit mal quelqu’un qui est potentiellement Premier ministrable mettre son téléphone sur vibreur. Il faut être un peu sérieux dans la vie. On ne dit jamais que l’heure de la gloire a vibré. Et l’on ne dit pas, non plus, pour quelqu’un qui rend l’âme que sa dernière heure a vibré. Et finalement, pour être complet, on ne dit pas d’un aveu qu’il vibre faux ou à quelqu’un qui se mêle de ce qui ne le regarde pas. «Toi, on ne t’a pas vibré». À tout moment, donc, le téléphone du Premier ministrable en puissance peut sonner. Il s’entend déjà dire : « Bonjour, ne quittez pas, on vous passe M. Abdelhak El Mrini… » Mais ce sont des appels plus triviaux qu’il reçoit, ce qui a le don de l’énerver plus qu’autre chose. Alors qu’on attend un job de cette importance en faisant en permanence des prières jaculatoires, c’est-à-dire courtes et ferventes, on ne peut pas accepter des appels du genre : «Papa, n’oublie pas mon Macdo», ou : «Chéri, pense au pain en rentrant et ne nous laisse pas mourir de faim».
Quand on tutoie l’Histoire, il ne faut pas se laisser embêter, au jour le jour, par le quotidien. Le type a déjà constitué dans sa tête mille gouvernements. Il a déjà fait et défait 3456 coalitions gouvernementales virtuelles. Il a acheté le costard de l’événement, ciré les pompes qu’il fallait et choisi la cravate idoine. Il est prêt. Alors ce sacré téléphone doit faire quelque chose, qu’il se transforme en sonneur, en vibreur ou en vibro-sonneur, peu importe, pourvu qu’il donne signe de vie.
Dans cette situation, tout le monde a sa chance. Il faut juste un peu de patience et ne pas se laisser happer par la rumeur ou par les laudateurs effrontés. C’est dans ce moment d’attente que le Premier ministrable moyen est le plus vulnérable et le plus fragile. Il est à la merci de tout. Il faut juste qu’il se rappelle en toute circonstance ce merveilleux proverbe chinois gorgé de sagesse : « Ce n’est pas la queue qui remue le chien, mais c’est le chien qui remue la queue. » Pour le reste, Dieu y pourvoira…

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