Editorial

Libérez la Moukataâ

© D.R

La Moukataâ est assiégée. Pas celle de Arafat. Celle du 3ème arrondissement. Un mokadem s’y est cloîtré et menace de mettre fin à ses jours. Il proteste contre la violation unilatérale d’un contrat moral de travail. Il a embrassé ce métier pour des raisons professionnelles précises qu’il ne retrouve plus.
Quelqu’un a dû modifier substantiellement et abusivement le contrat sans le prévenir. Et ça le met en colère. On ne peut pas changer un contrat comme ça sans concertation préalable et sans tenir compte du préjudice subi. Il demande réparation.
Que vaut un mokadem s’il ne peut pas peser sur le cours électoral des choses ? Que vaut-il s’il ne peut orienter, conseiller, aider, préconiser, prôner en période électorale ? Que pèse-t-il s’il n’investit pas, s’il n’adoube pas lui-même des candidats ? Un paysage électoral sans mokadem est plus triste que les mornes plaines du plat pays qui est en général le mien. Un mokadem, pour vivre, a besoin d’élection ; c’est son oxygène à lui. Il a besoin d’un horizon.
Sinon, il est dans la même psychologie qu’un crabe qui marche dans le désert. Il cherche la côte comme on cherche un destin. Un mokadem privé de tout cela peut mourir de peine. Regardez actuellement leurs yeux. Fixez leurs regards. Voyez comme leurs mains sont fébriles. Comme leurs bouches sont habitées de rictus mystérieux et furtifs.
Notre mokadem cloîtré dans la Moukataâ vit le même malheur. Il a affiché, partout sur son lieu de réclusion volontaire, des banderoles: « Halte à la transparence. À bas le nouveau mode de scrutin. Au diable les élections propres et sincères. Jettou go home. Vive l’ancien concept de l’autorité. Libérez Azilal. Une urne transparente, c’est une famille affamée. Abdelkader Motaâ, taisez-vous. » Non, le type a l’art des slogans et la culture de la contestation. Il sait ce qu’il veut. Il a dû réfléchir longtemps avant de se lancer dans cette lutte finale.
Maintenant, pour le sortir de la Moukataâ, il y a deux solutions. Soit faire appel à Ariel Sharon. Il s’y connaît. Ce criminel de guerre patenté te nettoie une Moukataâ en moins de temps qu’il ne faut pour installer un processus démocratique ou une dynamique de paix. Soit soudoyer le reclus.
Vous organisez avec un commando de l’IGF un lâcher de billets de 200 dirhams sur la Moukataâ et il sortira le bout de son nez rapidement. Il ne restera plus après qu’à l’appâter avec un candidat factice, il le suivra jusqu’à la sortie. Le reste, c’est une affaire d’agilité. À découvert, un mokadem est facilement prenable. Il suffit juste de lancer dessus un filet aux mailles étroites et aux normes démocratiques ISO 9000. Il sera fait comme un rat.

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