Editorial

M. Albert est mort

© D.R

Albert Rebibo est mort. Un 11 septembre. Il a été tué par balles à Casablanca. Deux jeunes hommes cagoulés ont tiré sur lui alors qu’il était devant son magasin. Albert Rebibo était vendeur de bois à souk El Koreâ. Ses copains artisans et les gens du quartier l’appelaient Monsieur Albert. Il avait apparemment une vie paisible et on ne lui connaissait pas d’ennemis. Divorcé, père de deux filles Albert Rebibo est un Marocain de confession juive. Qui pouvait lui en vouloir ? S’agit-il d’un règlement de compte sordide ? Peu probable. Ou s’agit-il d’un attentat terroriste de nature antisémite ? Est-ce un coup de Jihadistes criminels célébrant à leur manière sanglante les exploits de leur maître à penser Oussama Ben Laden ? Dans tous les cas de figure, Albert Rebibo est mort. Pourquoi ? Est-il mort parce qu’il était juif ? C’est abject. C’est, aussi, un Marocain qu’on a tué. C’est également infâme. Et c’est à notre pays, finalement, que l’on a porté, une nouvelle fois, un coup au coeur. Nos valeurs fondamentales de tolérance, de coexistence pacifique et de paix sont attaquées. Notre multi-ethnicité féconde est la cible de terroristes islamistes illuminés. On veut détruire une certaine idée du Maroc. Mais ils ne réussiront pas. La lâcheté du coup, son modus operandi, le silence des criminels pendant l’exécution de leur basse besogne, comme si leur verbe allait les trahir, et les conditions de leur fuite laissent croire que cette opération est indigente. Un comportement de petits gangsters, une cible « caricaturale », une démarche de banlieusards en rupture de ban et une fuite hasardeuse. Cet acte terroriste qui aspirait à une certaine exemplarité n’est, en fait, qu’un forfait criminel de petits loubards exaltés qui ne peuvent pas faire vaciller un pays comme le nôtre. La lutte contre le terrorisme est une lutte de longue haleine. C’est un combat permanent qui ne relève pas uniquement des forces de sécurité. C’est toute la société marocaine qui doit dénoncer comme un seul homme ces crimes. Elle doit mobiliser toutes les ressources dont elle dispose pour que les obscurantistes téléguidés et manipulés par l’étranger ne nous dictent pas leurs lois. Là où la société est forte, organisée et attachée aux valeurs de la démocratie, de la liberté et de l’État de droit, le terrorisme a perdu le combat. C’est aussi une question d’identité. Albert Rebibo est Marocain. Il vivait paisiblement dans son pays en jouissant de tous ses droits. Aucun criminel au monde ne peut contrarier cette réalité. Et aucun Marocain digne de ce nom ne peut permettre qu’une partie de nos compatriotes soit livrée à la haine terroriste ou à la folie intégriste. Aujourd’hui, nous sommes tous des Albert Rebibo. Et en tant que tels nous défendrons, tous, les valeurs ancestrales de notre pays. Cela peut être long et difficile, mais rien ne pourra annihiler notre résolution. L’honneur d’une nation se réalise d’abord dans son courage face à l’adversité. Et nous y sommes.

Articles similaires

EditorialUne

Ancrage bancaire

Le changement du tour de table ou du propriétaire d’un établissement bancaire...

EditorialUne

Confirmations

Les projections des experts du FMI pour la croissance mondiale, globale, par...

EditorialUne

Statistique évolutive

L’élaboration des politiques publiques ainsi que la prise de décision, aussi bien...

EditorialUne

Révolution green

Le Salon international de l’agriculture démarre dans quelques jours et aura comme...

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux