Editorial

Manip, intox et coups tordus

Cette affaire de dégel algéro-marocain commence à faire péter sérieusement les plombs à certains confrères algériens. Par exemple, on peut lire dans le quotidien «L’expression» ce morceau d’anthologie déontologique : «On peut d’ores et déjà constater que la presse se fait plus conciliante et que la presse des deux pays, vecteur par excellence des hostilités politiques, des coups tordus et campagnes d’intox-manip, est plus calme, détendue, presque libérée de ses pesanteurs politiques qui l’encombraient depuis bientôt trente ans.»
Le type a dû souffrir longtemps avant de lâcher le morceau. On ne passe pas à des aveux de cette nature sans passer, au moins, à la  gégène. Pour la liste exhaustive des supplices qu’a dû subir ce pauvre confère pour balancer comme il le fait, voir les annexes détaillées du rapport en préparation de notre chère I.E.R. À ce niveau là, le Maghreb uni existe déjà.
Pour le reste, nous ne sommes ni conciliants, ni vecteurs de rien, ni hostiles, ni des amateurs, comme il le dit dans son jargon spécialisé, des coups tordus ou des intox-manip. Non, Monsieur. Notre truc à nous, c’est le Sahara marocain. Dégel ou pas, c’est le même tarif, nous assurons un service maximum patriotique, parce que c’est notre cause nationale.
Aucun Algérien digne de ce nom ne peut laisser sa peau pour une chimère paranoïaque comme la RASD. Ce n’est pas le cas des Marocains à l’égard de leur patrie. Vous maintenez en captivité sur votre territoire des Marocains. Des milliers de Marocains originaires du Sahara sont séquestrés chez vous. Ils ne sont libres ni de leur mouvements, ni de leur parole. Leurs droits humains, comme cela a été constaté à Genève, sont violés tous les jours.  Leurs matons vivent de la corruption. Vous avez créé de toutes pièces cette affaire avec des mercenaires et des séparatistes à votre solde. On ne vous dit pas merci. Un point c’est tout.
Quant aux dernières gesticulations à Tindouf de vos amis sud-africains, c’est de la poudre aux yeux. Ce que raconte le vice-ministre sud-africain des Affaires étrangères, Aziz  Pahad devant son Parlement, c’est un mensonge pur : «Lorsque le Maroc a rejeté les efforts des Nations Unies pour trouver une solution, l’Afrique du Sud a procédé à la reconnaissance de la RASD.»  À ce niveau-là, l’affabulation n’est pas un délire, c’est de l’imposture institutionnelle devant un corps constitué. Le modèle sud-africain en œuvre. Ce que M. Aziz Pahad ne dit pas à ses députés, c’est que par la reconnaissance d’un État fantôme, il a exclu durablement l’Afrique du Sud du rôle auquel elle aspire dans le continent.  
Alors, le dégel ? Boutef, le grand horloger de cette affaire du Sahara, dit que nous ne haïssons pas les Marocains, mais nous haïssons ce qu’ils produisent. Il veut, apparemment, parler du haschich. Mais tous nos produits l’inquiètent. Pour le cannabis, un sujet sérieux, quand on est un tant soit peu responsable, on n’en parle pas avec autant de légèreté. Qu’il commence, d’abord, par libérer les nôtres et il sera plus crédible sur le reste. Votre trafic à vous, ce sont les êtres humains. C’est votre manière, à vous, d’être accro.

Articles similaires

EditorialUne

Ancrage bancaire

Le changement du tour de table ou du propriétaire d’un établissement bancaire...

EditorialUne

Confirmations

Les projections des experts du FMI pour la croissance mondiale, globale, par...

EditorialUne

Statistique évolutive

L’élaboration des politiques publiques ainsi que la prise de décision, aussi bien...

EditorialUne

Révolution green

Le Salon international de l’agriculture démarre dans quelques jours et aura comme...

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux