Notre ministre de la Justice Mohamed Bouzoubaâ souhaite privatiser la nourriture dans les prisons marocaines. On le félicite pour ce projet libéral. La tambouille de l’Etat étant, en général, peu ragoûtante, il vaut mieux se tourner vers le privé dont la cuisine est plus fine mais, certainement, plus chère. Après les orchestres et les soirées musicales dans les prisons, place maintenant aux traiteurs. Pourquoi pas ? Dans un quartier un peu chaud, un jeune Casablancais pas commode m’a dit, récemment, que le seul endroit où l’on s’est véritablement occupé de lui, c’était la prison. Formation, hygiène, nourriture, cours d’éducation civique, sport, loisirs etc. Mais, dehors, il n’existait pour personne. Nos prisons ne sont pas encore aux normes scandinaves ou helvétiques, loin s’en faut, mais, personne ne peut ignorer le travail méritoire fait par la Fondation Mohammed VI pour les taulards. Un travail de fond et une idée qui progresse lentement dans les esprits. La prison n’est pas uniquement un espace de surveillance et de punition où une peine due à la société est purgée dans la pénitence formelle. Il doit aussi être un lieu où le taulard se prépare à retrouver, avec le plus de chance possible, la liberté et à renouer avec cette même société avec un minimum de succès. Maintenant, juste pour rire, peut-on dire que Mohamed Bouzoubaâ, le ministre de la Justice, veut améliorer la nourriture dans les prisons parce que, ces derniers temps, la qualité des détenus est en hausse constante ? Cherche-t-il à mettre les prisons à la norme Izzou (ISO) ? Tant mieux, si les quidams en profitent un peu, aussi.