Nichane est donc tombé au triple front de l’impertinence, de la transgression et de l’irrévérence. Une balle de l’article 66 du Code de la presse tirée à bout portant par le Premier ministre – pourtant un homme pacifique – l’a mis hors d’état de nuire. Nichane est mort de rire; pour une mauvaise blague. Et l’inénarrable Robert Ménard reprend du service. Un cauchemar. À cause d’un humour de potache, de blagues de mauvais goût et de provocations inutiles contre l’Islam, nous revenons à la case départ. La montée au créneau des islamistes locaux, vigoureusement soutenus par l’Internationale intégriste, a eu raison de nos fragiles résolutions démocratiques et a enfoncé, davantage, un secteur de la presse malade de ses excès immatures. Tout homme sensé refusera une interdiction administrative d’un titre de presse d’abord par principe, ensuite par attachement à l’Etat de droit et par souci de construction de la démocratie et, finalement, par méfiance atavique à l’égard de l’administration. Dans le domaine sensible de la liberté, une décision de justice aussi instantanée soit-elle – un référé, par exemple – est préférable à mille actes administratifs aussi motivés soient-ils. Que mon confrère Driss Ksikès m’excuse, cette affaire n’oppose pas l’Etat à la société. Elle expose, en réalité, la société, l’Etat, la presse, le pays à la régression. Un gâchis considérable.