Ils se sont chauffés – mutuellement. Ils ont franchi la ligne. Et ils se retrouvent dans la panade. Ils faisaient un chantage à l’exil et ils sont passés à l’acte. Ils dénonçaient la «misère et la pauvreté» dans leur village, du côté de Bouarfa. Et pour s’en sortir, ils sont passés – sans armes ni bagages – en Algérie, à quelques mètres de chez eux, où ils ont retrouvé dans un ordre inversé, la pauvreté et la misère, mais cette fois-ci en prison. Ils sont 35, âgés de 18 à 30 ans, à avoir demandé l’asile, mais le juge algérien, les considérant comme des clandestins, les a écroués illico presto. Bien sûr, il n’y a pas de quoi ironiser sur le désarroi absolu de ces jeunes, mais il faut dire qu’ils n’ont pas abordé le progrès dans le bon sens. Ils ne se sont pas trompés de combat, mais de lieu, de symbolique, de manière, de méthode, de philosophie et de stratégie de combat. Ni la pauvreté, ni la misère – à l’instar, d’ailleurs, de la richesse et de l’opulence– ne sont de bon conseil. Passer en Algérie! Ne dit-on pas, que si la pêche – le fruit du pêcher, naturellement – pouvait guérir, il commencerait par être, lui-même, plus sain. Mais, tout de même, il faut que ces jeunes puissent rentrer chez eux.