Une dépêche d’agence de presse, rédigée sur la base d’un procès-verbal de police, nous apprend que Saâd Houssaini a recruté 18 Marocains pour aller combattre, donc mourir, en Irak. On apprend également — ce type, après ses 5 années de cavale, est décidément très bavard— que dans cette Europe verrouillée pour les candidats à l’émigration que les terroristes, eux, se déplacent et déplacent leurs recrues comme bon leur semble. C’est proprement terrifiant. Un gars, par exemple, est recruté à Casablanca. Il s’entraîne, encadré par des Algériens, au maniement des armes et des explosifs au Mali. Il part à Istanbul, et de là, il rejoint Damas, et ensuite Bagdad. Un travail d’agence de voyages professionnelle. La mobilité formidable des terroristes dément totalement la vulgate sécuritaire, notamment, européenne et américaine. C’est plutôt la débrouille généralisée quand ce n’est pas de l’improvisation hasardeuse. Ce Saâd Houssaini, lui-même, semble avoir fait le tour du monde et nargué la moitié des flics de l’univers avant d’être, finalement, alpagué par les nôtres. Un monde.