La raclée devait être mémorable. Elle est, probablement, nécessaire parfois pour aider de jeunes responsables à se fabriquer un CV politique un peu crédible. Quand on n’a fait ni Derb Moulay Cherif, ni Agdz, ni Tazmamart, ni d’autres hauts lieux illustres de la détention politique et de la violation des droits humains des années de plomb, une petite raclée bien trempée administrée par des Forces auxiliaires butées et persévérantes améliore un peu le profil. La jeune présidente de l’AMDH, Khadija Ryadhi, a subi, lors d’une manif spontanée, une correction — comme en Bourse ! — qui fait, aujourd’hui, que sa cotation est plus proche de la réalité du marché de la transition politique que des spéculations verbeuses sur la démocratie idéale. L’ex-président, Abdelhamid Amin, quant à lui, à son âge, et surtout à la fin d’un parcours erratique n’avait pas besoin de cette avoinée des «Chabakouni» — peut-être une altération de l’expression «ça va cogner». Une tannée comme celle qu’il a reçue, sur le principe, n’est pas méchante en soi, elle redonne une deuxième vigueur sans améliorer les états de service. L’égalité devant le gourdin est un acquis du nouveau règne. Les deux responsables de l’AMDH ont bénéficié,outre de la parité, Moudawana oblige, mais d’un principe fondamental du droit : la proportionnalité et l’individualisation de la peine. Chacun a eu sa part intrinsèque et légitime de matraque. À l’heure où nous écrivons ces lignes, des informations sérieuses et concordantes indiquent que le mercurochrome des victimes a séché. L’IER va rouvrir une session extraordinaire pour examiner la possibilité de remboursement du «médicament rouge».