Modernité. Quel contenu peut-on donner à la modernité marocaine ? Depuis l’avènement de SM le Roi Mohammed VI, on parle beaucoup dans notre pays de démocratie et de modernité. C’est une excellente chose et un acquis considérable. Mais, autant le contenu de la démocratie est connu tellement il est encadré par des normes, des standards et des exigences «morales» universellement reconnues, autant la modernité, chez nous, reste un concept vague, confus, imprécis et indéterminé. A supposer que le concept soit défini quels sont les partis politiques, les associations, les mouvements ou les leaders qui le portent ? Comment se décline-t-il ? Comment s’articule-t-il avec la société ? Et comment s’exprime-t-il dans nos créations artistiques, culturelles, médiatiques ou intellectuelles? Suffit-il d’être pour la laïcité pour être moderne ? Suffit-il, encore, d’être anti-islamiste — ou contre l’intégrisme— pour être moderne ? Et suffit-il, enfin, d’être pour le progrès pour être moderne ? Ces questions, après dix années d’une transition interminable, ne sont pas encore prises en charge ni par la société, ni par la classe politqiue, ni par l’élite. Un écran de fumée épais continue à masquer cette problématique comme si la société marocaine reculait indéfiniment le mouvement de trancher sur les questions essentielles. Comme le Roi du Maroc — et c’est son devoir — a pris sur lui de mettre en mouvement le Maroc et, surtout, de mettre en exergue dans son projet de règne des concepts comme la démocratie et la modernité, peut-être lui échoira-t-il, au final, de donner, lui-même, un contenu à cette modernité. Et de l’inscrire dans le génome institutionnel du pays. C’est-à-dire la Constitution.