C’est la saison des grâces. La machine à rattraper les bévues de la justice tourne à plein régime. Toutes les affaires en stock sont liquidées en ce début de printemps. Rkia Abou Ali, l’affaire des protagonistes d’Erramach, Fouad Mourtada, l’affaire de collatéraux de Bine El Ouidane, le cas Bougrine, les émeutiers de Sefrou, et même, dans une certaine mesure, et par une manière un peu plus élégante — un peu plus habillée — , le cas Laâfoura. Le déstockage se fait d’une manière méthodique et rigoureuse. Dans 99% de ces cas, soit la justice a été aveugle, soit elle a eu la main lourde — ce qui revient au même —. Soit elle a exprimé, tout bonnement, une absence de politique pénale. Ou, carrément, elle a exprimé une politique pénale improvisée, confuse ou absurde. Nous avons déjà signalé, ici, que la grâce, en soi, par elle-même, ne peut constituer une politique judiciaire. Nous ne le répèterons, donc, pas. Mais, nous sommes obligés de (re) constater qu’à chaque fois que notre justice est dans l’incapacité — c’est-à-dire souvent — à dire le droit d’une manière autonome et indépendante, elle botte en touche. En clair, et de la manière la plus nette, elle condamne, a maxima, en laissant les justiciables compter sur une incertaine, hypothétique ou éventuelle grâce. Se défausser n’est pas juger. Et à chaque fois, au final, mettre SM le Roi devant les insuffisances de la justice n’est pas, justement, juste. Incidemment, pourquoi le journaliste Mustapha Hormatallah, lui, n’a pas bénéficié des grâces du printemps. Il devait, probablement, faire un métier indigne. En tout cas, moins digne que celui des autres graciés….