Faut-il, vraiment, faire un commentaire sur la grande évasion de Kénitra ? Neuf islamistes — du gros gibier — prennent la tangente en creusant un tunnel pendant 4 mois, ce n’est pas rien. Ils se sont volatilisés comme par magie. Ni vus ni connus. Que l’administration pénitentiaire se ridiculise est une chose. Elle en a désormais l’habitude. Qu’elle éclabousse par son «indigence» tous les services de sécurité du pays et, au-delà, l’État marocain, dans son entièreté, en est une autre. Alors que faut-il faire ? Que dire ? Quel type d’analyse développer ? Quel dispositif mettre en place ? Quelle mise à niveau opérer ? Quelle réponse politique donner ? Quelle idée lumineuse suggérer ? Le limogeage de la haute hiérarchie de l’administration pénitentiaire ? La nomination d’une commission d’enquête parlementaire ? Le lancement d’une inspection interne «crédible» et de grande envergure ? Le doublement des budgets de prisons marocaines ? Le quintuplement de salaires des matons locaux qui sont pour la plupart compromis dans des trafics «de confort» innommables ? Rien n’y fera. Le choc sur l’opinion publique est immense, et dévastateur. Vouloir le minimiser c’est ajouter au ridicule, l’impudeur morale. Aucun État au monde n’est capable seul de s’auto-réguler. Ou de se protéger lui-même contre ses propres déviances. Seuls peuvent aider cet État «autiste», livré à lui-même, des outils externes que procurent la démocratie. Une réelle séparation des pouvoirs, une vraie vie parlementaire, une authentique justice indépendante, une liberté d’expression effective, des médias publics matures, un Etat de droit solide, etc.