Les récentes confidences de Moulay Ahmed Laraki à la presse sont très instructives. L’ex-Premier ministre, et ex-ministre des Affaires étrangères, révèle une note qu’il aurait adressée, le 20 juillet 1971, à Hassan II, soit dix jours après la tentative de coup d’Etat de Skhirat. Le contenu de cette note est assez clairvoyant et lucide sur la situation générale du pays. A part quelques remarques sur l’assiduité du Roi à son bureau, les responsabilités de la crise sociale et politique sont imputées à l’élite, aux partis politiques, au gouvernement, à l’opposition, au peuple, etc. Le ton est étonnamment libre pour la période. Le 6 août 1971, Moulay Ahmed Laraki est limogé de son poste de Premier ministre. Aujourd’hui, la sortie de Moulay Ahmed Laraki correspond à quel agenda? Quelle leçon nous donne-t-elle pour comprendre les enjeux politiques d’aujourd’hui ? Quelle vérité subliminale veut-elle nous faire accepter ? Quelle analogie nous invite-t-elle à opérer avec les initiatives en cours dans le champ politique ? L’axiome de 1971 de Moulay Ahmed Laraki était simple. Veut-il, encore, le vérifier aujourd’hui ? Nous avons un Roi légitime, populaire et vertueux mais mal servi. Le peuple n’est pas encadré parce que les partis politiques ont failli à leur mission. Le naufrage moral des élites ajoute à la déliquescence générale. La corruption mine le monde des affaires. Et l’administration par ses travers aggrave dangereusement les problèmes du pays. Ce qu’il faudrait c’est, peut-être, créer un lien direct entre le Roi et le peuple, en éliminant tous les paliers défectueux. En sommes-nous toujours là ?.