Petit bonjour

Le président sud-africain Thabo Mbeki est poussé vers la sortie par l’ANC. Trop d’erreurs, trop de violence et trop de pauvreté malgré une croissance substantielle. Il sera probablement remplacé par Jacob Zuma, un chef de clan sanguin empêtré dans des affaires de corruption sans fin. Il ne suffit pas d’être la première puissance du continent, il faut tenir son rang, et se comporter comme telle. Le problème de l’Afrique du Sud c’est que c’est un pays qui n’arrive pas à faire une séparation nette entre sa gouvernance, ses prises de positions, et ses actions souvent de nature tiers-mondiste et le statut continental auquel elle aspire. On le répète pour la bonne compréhension : une grande puissance se comporte comme telle, à tous les niveaux et tout le temps. Il y a quelque chose dans le projet sud-africain qui n’est pas arrivé à maturité. Un tropisme populiste permanent. Une posture révolutionnaire obsolète. Un tissu social extrêmement fragile. Un discours sur la libération usé et qui impose des solidarités dévoyées. L’élite politique, quant à elle, malgré les étapes démocratiques prodigieuses franchies par le pays, doute en permanence de sa légitimité comme si les processus vécus étaient réversibles. Elle peut se fourvoyer dans n’importe quelle cause, pourvu qu’elle retrouve une part de l’ivresse, de l’exaltation, d’un passé révolu. Le fait que l’Afrique du Sud s’oppose à l’intégrité territoriale du Maroc est suffisant pour faire de ce pays un adversaire politique qu’il faut combattre résolument. Mais le problème n’est pas là exclusivement. La responsabilité de l’Afrique du Sud est de contribuer à la résolution des litiges et des conflits dans le continent. Sa vocation n’est pas de s’égarer dans le soutien éperdu de causes factices. Et c’est cela son vrai drame. Cette projection de puissance immature à l’étranger produit en interne un régime fragile en proie au doute permanent sur sa propre légitimité.