Le vrai chantier de règne est, me semble-t-il, bien celui de la régionalisation. Malgré le caractère social massif d’un chantier stratégique comme l’INDH, et sa philosophie particulière, il reste dépassable par une réforme institutionnelle d’envergure comme celle qui se profile concernant une redistribution des pouvoirs au profit des régions. L’Histoire de l’Etat marocain se confond avec ses efforts d’étendre implacablement son pouvoir à toutes les régions du Royaume et aux peuplements humains qui les composent. Une quête de centralité, ou de centralisation, du pouvoir qui ne s’est jamais démentie et qui n’a jamais cessé. Que le chef de l’Etat, le Souverain en personne, lance aujourd’hui, dans une phase de démocratisation résolue du régime — une transition démocratique —, une réflexion pour initier un mouvement inverse relève de l’ordre de changement de paradigme. Une rupture politique profonde. Décentraliser l’Etat, redonner du pouvoir aux périphéries, créer des légitimités locales, permettre aux peuplements humains d’agir, de maîtriser et de projeter dans l’avenir leur cadre de vie est une démarche qui rompt avec toutes les méthodologies qui ont prévalu. La réforme vaudra-t-elle pour toutes les régions ? Ont-elles toutes atteint le même niveau de « conscience régionale » ? Une forte dose de régionalisation leur sera-t-elle profitable à toutes ? Les questions sont, en effet, nombreuses et les réponses, forcément, complexes. L’on voit bien que le rôle de la future Commission nationale chargée de réfléchir à la régionalisation ne sera pas de pure forme.