Les «poches» de corruption au Maroc, les plus significatives et les plus persistantes, selon le rapport de Transparency International, restent les départements ministériels de la Justice et de la Santé. Deux départements vitaux dont les services, également vitaux, les mettent au contact direct, au quotidien, avec les citoyens. Justice et santé, deux horizons indépassables pour une société qui veut se transformer, changer et évoluer. Le ministère de la Justice n’a, aujourd’hui, pratiquement, personne à sa tête. Le ministre en fonction a la tête ailleurs. Ce département, au cœur des discours royaux sur la réforme, ne bouge pas ou peu. La corruption se greffe sur un corporatisme ombrageux, sur une bureaucratie prospère, sur des baronnies indéboulonnables et sur une carence de moyens humains et matériels criants. Le dernier ministre qui a cru qu’il était là pour la modernisation — il lui a été signifié rapidement son périmètre légitime — c’était Omar Azziman. Le ministère de la Santé, quant à lui, vit, pratiquement, le même problème. Les souffrances actuelles de Yasmina Baddou sont de notoriété publique. Soit le ministre est médecin et il ne peut rien faire, tellement il est tenu par les pesanteurs corporatistes. Soit, il n’est pas médecin et il ne peut, non plus, rien faire car il n’a pas de légitimité pour agir. Le résultat est le même. Au final, deux continents congelés qui coûtent cher à la nation. Le dégel général du pays — les fontes du printemps — ne les concerne pas. Hélas.