Editorial

Prospective électorale

© D.R

Le jeu des alliances entre les partis politiques est, semble-t-il, ouvert. Cette perspective est renforcée par la qualité attendue du scrutin. Si les élections, comme prévu, se passent dans la transparence requise, la carte électorale, même passablement balkanisée, permettra des rapprochements entre les formations politiques qui pourront former un gouvernement à la cohérence moins discutable que par le passé.
Si la tendance générale permet de constater que l’on s’achemine vers la reconduction de l’alternance qui, cette fois-ci, sera démocratique et non consensuelle, comme la dernière, on ne sait pas si tous les acteurs de cette formule vont rester, grosso modo, les mêmes.
En clair, et pour être plus précis, les observateurs ignorent si le Parti de l’Istiqlal acceptera de rester dans une coalition gouvernementale s’il ne contrôle pas la primature ou si, dans le cas contraire, il préfère aller dans l’opposition. Une vraie question de fond qui met ce parti, comme toujours, au coeur de la vie politique nationale.
S’il n’y avait pas en jeu un véritable projet de société moderne, novateur et progressiste, toutes les formules seraient possibles. On peut complètement imaginer un noyau dur gouvernemental cohérent et significatif formé par l’Istiqlal, le PJD et le MP. Mais le problème est que ce choix, manifestement conservateur, viendrait annuler tous les bénéfices politiques de ce choix stratégique qu’a constitué l’alternance dans les années 90 et qui a permis au pays de négocier au mieux de ses contraintes une transition démocratique qui n’est d’ailleurs pas encore achevée. Le temps de la rupture avec cette orientation n’est manifestement pas encore arrivé et tous les Istiqlaliens ne sont pas prêts à assumer cette responsabilité.
Ceci étant, l’USFP et le RNI peuvent-ils se passer de l’apport de l’Istiqlal et prendre, à eux deux seulement et en l’absence du parti nationaliste, le leadership d’une coalition d’alternance rénovée même s’ils appellent en renfort, ce qui n’est pas fondamentalement exclu, la mouvance populaire ? C’est probable, mais c’est là, au-delà des tendances générales, que vont intervenir avec précision les résultats des élections. Plus ces partis élargiront à d’autres leur alliance pour atteindre une majorité parlementaire, plus leur coalition sera fragile et contre-productive. Une coalition à sept partis politiques, on en sort, a déjà montré ses limites naturelles.
Il est clair, selon toute vraisemblance, que l’USFP, le RNI, Le MP, le PJD et l’Istiqlal tourneront autour d’une fourchette de 30 à 40 députés chacun et quelles que soient les alliances, ils doivent aller chercher l’appoint majoritaire ailleurs. Et c’est là où les choses vont se compliquer. Car derrière, les scores seront probablement très atomisés. Les partis qui pourront s’offrir un groupe parlementaire et peser significativement dans une coalition gouvernementale seront peu nombreux. Il faut suivre attentivement l’évolution de l’UC et du PND, même s’ils restent dans une dynamique certainement durable d’opposition. Et voir comment le PPS, le PSD et le FFD, ex-partis gouvernementaux, vont pouvoir tirer leur épingle du jeu, même si le FFD, en particulier, compte tenu de l’économie interne de ses listes électorales construites sur des fiefs de notabilités, peut créer une surprise.
Quant aux nouveaux partis, ils constituent la véritable inconnue de ces élections. Ils sont tous confrontés pour la première fois à une expérience électorale majeure et en même temps, ils doivent constituer, souvent à la hâte, un appareil partisan, un socle de candidats plus ou moins crédible et faire entendre leur voix auprès d’une opinion publique qui, souvent, ignore leur existence ou même quand elle les connaît, elle ne comprend pas encore de quelle légitimité ils se réclament. Une chose est certaine : seules quelques personnalités nationales connues du grand public pourront attirer les suffrages sur leur nom ou leur notoriété sans que cela ne constitue une véritable locomotive pour l’ensemble de ces jeunes partis. De ce fait, elles ne pèseront pas lourd cette fois-ci, du moins dans le jeu des alliances post-électorales.

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