Editorial

Ramadan est dans nos murs

© D.R

La France est un pays bizarre. En été, les Français meurent du fait de la canicule. En hiver, ils trépassent à cause de la vague de froid. Pendant les vacances, ils meurent à cause de l’hécatombe des accidents de la route. Le reste de l’année en France, le cancer tue, le tabac tue, l’alcool tue, etc. Les Français, et c’est certainement plus un phénomène médiatique que naturel, meurent beaucoup et presque pendant toutes les saisons de l’année. À ce rythme, le déclin de la France dont les intellectuels à la mode se gaussent est plus dû à une morbidité galopante qu’à une faillite des valeurs républicaines. Mais, de quoi meurt-on, chez nous ? Apparemment on ne meurt jamais. La statistique marocaine, étant ce qu’elle est, elle ignore encore la variation saisonnière du taux de mortalité. Dans ce domaine aussi, on maintient les grands équilibres ! Aucun déficit n’est envisageable. Alors personne ne meurt. Et de rien. Sinon cela exposerait le pays aux foudres de l’OMS et compromettrait la mise à niveau, le libre-échange, la mondialisation que notre pays se tue à vouloir réaliser en bloc. Les Marocains meurent d’impatience. D’envie. De besoins. D’ennui. Et de privations. Ça c’est sûr, mais aucune statistique précise ne le confirme. Donc, ça n’existe pas. Par conséquent, toutes les morts, chez nous, sont naturelles. Dès que vous commencez à vouloir en chercher les causes, on vous invite à aller plus haut. Alors, forcément, ça remonte très loin. Et dès que vous êtes face à face avec Dieu, le Tout-Puissant, l’humilité refroidit toutes vos ardeurs investigatrices. Ce qui est clair avec le destin, c’est que le combat est inégal. La capitulation se fait d’une manière spirituelle en rase campagne religieuse. Aucun laïc à l’horizon, alors cessez le feu sacré. Fais-toi petit, comme a dit un jour un Iranien célèbre à Salman Rushdie. Maintenant que Ramadan est dans nos murs va-t-on mourir de faim ? Rien n’est moins sûr. On mangera deux fois plus que d’habitude et l’on travaillera deux fois moins. Sans mourir de honte, la différence se mesurera en kilos à la fin du mois. Cela ne nous empêchera pas, non plus, de prier cinq fois plus que d’habitude : «La prière est la soeur tremblante de l’amour». Alors, prions avec un espoir plein de ferveur en Dieu pour qu’il nous prête, à nous et aux nôtres, à la fois longue vie, prospérité, santé, travail, réussite, logement… Une prière en guise de programme gouvernemental. Dans “L’Espoir”, André Malraux n’écrivait-il pas que «Les hommes ne meurent que pour ce qui n’existe pas» ?

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