Les réformes les plus réussies sont le plus souvent celles qui sont soit concertées, soit appropriées. Une réforme à caractère économique dans un secteur donné n’a de chance de réussir que si elle fait véritablement l’objet d’une large concertation avec les opérateurs du secteur concerné.
Quand la réforme est à caractère social, donc ciblant plus des populations et des ménages et touchant des aspects de la vie quotidienne, la concertation est une condition nécessaire mais pas suffisante car il faut, en plus, que la réforme soit appropriée par les catégories ciblées. Pas besoin d’aller benchmarker à l’international puisque des expériences et des contre-exemples existent bel et bien au Maroc. L’INDH est une belle réussite en matière d’appropriation du process par les bénéficiaires. Ce qui a été fait dans le secteur agricole depuis 2008, autre exemple, n’aurait pas été réalisé sans l’implication effective et sans la responsabilisation des agriculteurs à travers leurs fédérations et diverses représentations professionnelles.
Par conséquent, les réformes en profondeur de deux secteurs vitaux au Maroc, en l’occurrence la santé et l’éducation, ne peuvent réussir si elles ne sont pas appropriées par le citoyen. Ceci est d’autant plus vrai que le petit centre de santé du quartier et la petite école du douar sont les deux espaces publics qui incarnent par excellence la vie de et en communauté. Quand bien même l’Etat continuerait à injecter aveuglément des milliards DH dans ces deux secteurs, la rentabilité sociale de ces investissements ne sera jamais satisfaisante tant qu’ils seront réalisés sans prendre en considération les attentes des premiers concernés, à savoir les utilisateurs. Quand les Marocains s’approprieront leurs écoles et leurs hôpitaux en ayant le sentiment qu’ils ont participé à les concevoir selon leurs besoins, on peut être sûr qu’ils feront tout pour les défendre, les préserver et les améliorer…
